Aux face-à-face interminables se sont ajoutées les barricades. L'impressionnant dispositif de sécurité déployé aux deux principales entrées de la ville de Béjaïa a empêché les nombreux citoyens mobilisés pour la marche d'hier d'accéder à la ville des Hammadites. En effet, dès les premières heures de la matinée, des centaines d'éléments des brigades antiémeutes s'étaient postés sur les RN 26 et 9 pour repousser les marcheurs venus des localités de la vallée de la Soummam et de la côte Est de Béjaïa pour prendre part à la marche initiée par la CICB pour exiger la libération des détenus, l'arrêt des poursuites judiciaires et la satisfaction des revendications contenues dans la plate-forme d'El-Kseur. Parallèlement, d'autres éléments de la police en civil surveillaient de près tous les mouvements à hauteur du point de départ de la marche. Dès qu'un citoyen est suspecté, il est immédiatement invité dans les limites de la correction à quitter les lieux. Ce qui a fait qu'un rassemblement n'a pu avoir lieu. Devant la détermination des marcheurs à rallier la ville de Béjaïa et celle des services de sécurité de les en empêcher, la tension est montée de plusieurs crans donnant lieu à des affrontements suivis d'arrestations. A l'heure où nous mettons sous presse, la ville de Béjaïa, qui a enregistré des affrontements à hauteur du carrefour CNS, a retrouvé le calme, tandis que sur les RN, la situation s'est dégradée. Aux face-à-face interminables se sont ajoutées les barricades. Bref, la circulation est devenue impossible. Dans une déclaration qui nous est parvenue en fin de journée, la présidente du collectif féminin de Béjaïa s'indigne des pratiques du pouvoir qui, «au lieu d'aller vers le règlement de la crise par la libération des détenus, use de la répression». Pour ce collectif, «le pouvoir doit savoir qu'aucune solution n'est envisageable sans la libération des élus et représentants du mouvement». De son côté, Yazid Mahdi de la CICB a déclaré, tout en se félicitant du suivi massif de la grève générale: «Cette mobilisation prouve, encore une fois, l'attachement des citoyens aux revendications contenues dans la plate-forme d'El-Kseur» et renouvelle, enfin, l'exigence du mouvement, à savoir «la libération des détenus arbitrairement arrêtés». Encore une fois, la ville de Béjaïa est fermée aux citoyens empêchés de protester. Après Alger, c'est au tour des villes de Kabylie d'être bouclées. Ce sont, en fait, les espaces de liberté qui se rétrécissent de plus en plus. Signalons enfin que les services de sécurité ont procédé à de nombreuses arrestations parmi les citoyens. A l'heure où nous mettons sous presse, le calme revient peu à peu sur les lieux d'échauffourées. Nous apprenons également que le siège de la daïra de Timezrit a été saccagé par des jeunes de retour à Béjaïa.