Suite aux maladresses cumulées par la secrétaire d'Etat américaine, «néophyte avérée» en matière de politique étrangère, lors de sa tournée au Moyen-Orient et au Maroc, la question est désormais d'actualité. L'ex-première dame des Etats-Unis a sans aucun doute franchi la ligne rouge en soutenant que la politique américaine en ce qui concerne le conflit du Sahara occidental n'a pas changé. L'Administration Bush avait soutenu le plan de large autonomie proposé par le Maroc. «Il s'agit d'un plan, qui, vous le savez, a été amorcé sous l'administration Clinton. Il a été réaffirmé sous l'Administration Bush et il demeure la politique des Etats-Unis sous l'Administration Obama. Actuellement nous soutenons le processus des Nations unies, car nous estimons qu'un règlement pacifique des difficultés qui existent avec vos voisins de l'est, du sud, de l'ouest, servira les intérêts de tout le monde. Eu égard à notre relation de longue date, nous sommes très conscients à quel point la conjoncture est difficile. Je ne veux pas qu'il y ait de doute, dans la région ou ailleurs, au sujet de notre politique qui demeure inchangée», a confié Hillary Clinton dans une interview accordée à l'agence de presse officielle marocaine MAP, en marge de la sixième réunion ministérielle du Forum pour l'Avenir, qu'a abrité la ville de Marrakech du 2 au 3 novembre. La réaction ne saurait tarder de la part du gouvernement de la République sahraouie qui aurait souhaité que la question de la libération des détenus sahraouis soit abordée au même titre que la décolonisation du Sahara occidental lors de la visite de la chef de la diplomatie américaine au Maroc. «Nous savons que des organisations américaines ont interpellé la secrétaire d'Etat sur la situation des détenus politiques. Nous espérons qu'elle transmettra cette doléance», a déclaré Ibrahim Ghali, ambassadeur de la Rasd à Alger au cours d'une conférence de presse qu'il avait animée le 27 octobre, qui aspirait à ce que la diplomate américaine aborde «la question de décolonisation du Sahara occidental et les droits de l'homme dans ce territoire occupé ainsi que l'arrestation récente des 7 militants sahraouis à Casablanca». Hélas! Il n'a point été question de la part de la chef de la diplomatie américaine de respect des droits de l'homme ou d'évocation de la tenue d'un référendum d'autodétermination qui permettrait aux populations sahraouies de décider librement de leur destin, comme le stipulent les résolutions votées par le Conseil de sécurité de l'ONU. Occulter l'histoire et les conditions des populations de la région relève d'un déni de justice et d'une méconnaissance du dossier les concernant. Et en ce sens, Hillary Clinton ne semble pas être la personne tout indiquée pour apaiser les tensions qui minent le conflit dans cette partie du monde. Ce qui n'est pas le cas du président américain qui avait apporté un soutien inconditionnel au nouvel envoyé spécial de l'Organisation des Nations unies pour le Sahara occidental. «J'espère que Christopher Ross, un diplomate chevronné ayant une large expérience de la région, pourra promouvoir un dialogue constructif entre les parties», avait écrit Barack Obama dans une lettre adressée au souverain marocain au mois de juillet 2009. Dans cette missive, il n'occulte pas non plus le droit des habitants de ce territoire sous occupation marocaine depuis 1975. «Mon gouvernement travaillera avec le vôtre et d'autres parties dans la région afin de parvenir à une solution qui réponde aux besoins des populations, en termes de gouvernance transparente, de confiance en l'Etat de droit et d'une administration de justice équitable», a ajouté le nouvel hôte de la Maison-Blanche. L'ex-première Dame des Etats-Unis fait-elle, bande à part dans son propre camp afin de rouler de façon aussi cavalière pour le seul projet d'autonomie marocain? Le peuple sahraoui avait trouvé en la personne de Ted Kennedy, figure emblématique du Sénat américain, un précieux et ardent défenseur de sa cause. «Alors que vous entamez votre mandat, nous vous demandons instamment ainsi qu'à vôtre administration d'agir pour soutenir le peuple du Sahara occidental dans son droit à l'autodétermination à travers l'organisation d'un référendum libre, juste et transparent», avait demandé Edward M.Kennedy au président des Etats-Unis dans un document cosigné par de nombreux sénateurs démocrates. Barack Obama fraîchement auréolé du prix Nobel de la paix et sur lequel pèse l'espoir du règlement de plusieurs conflits dans le monde, ne peut avoir fait fi du souhait de celui qui l'a soutenu durant la dernière élection américaine et pris fait et cause pour lui durant les primaires des démocrates contre...Hillary Clinton. «J'ai le coeur brisé!», avait spontanément déclaré Obama lorsqu'il a appris la disparition du «Vieux Lion» le 25 août dernier.