En cautionnant les agressions du Caire, la Fifa a ouvert la porte à tous les dérapages. Alors que les images de l'agression contre l'Equipe nationale et les supporters algériens au Caire ont fait le tour du monde et continuent de soulever condamnations et indignations dans tous les milieux, la Fifa refuse toujours de rendre son verdict. Bien mieux, elle se mure dans le silence. L'instance internationale présidée par le Suisse Joseph Blatter se contente d'un communiqué laconique. Via son communiqué, la Fifa «révèle» qu'elle attend que l'enquête soit close pour se prononcer. «A l'heure actuelle, la Fifa étudie les différents rapports et documents relatifs aux incidents qui ont entouré le match Egypte-Algérie. En attendant que la procédure arrive à son terme, la Fifa ne fera aucun commentaire et ne livrera aucune information sur le sujet. Dans un premier temps, la Fifa doit établir les faits», lit-on dans le document. Mais de quels faits puisqu'au lendemain de l'agression, Walter Gagg, représentant de la Fifa et chargé de rédiger le rapport officiel sur les incidents, avait affirmé: «Nous avons constaté que trois joueurs avaient été blessés.» «Les joueurs étaient terrorisés», a ajouté M.Gagg, qui a constaté que le bus de l'Equipe nationale était «en très mauvais état, avec des vitres cassées, sur le plancher des bris de verre et des taches de sang». La Fifa veut des faits? En voilà! Le rapport de Walter Gagg est clair, à moins qu'il ne soit égaré entre-temps. Mettant sur le même banc agresseur et agressé, la Fifa demande à l'ensemble de la famille du football et aux fans du monde entier, en particulier ceux concernés par ce match, de respecter l'esprit du fair-play et de faire preuve de la plus grande retenue afin que chaque rencontre se déroule dans les meilleures conditions. Or en cautionnant l'agression du Caire, la Fifa a ouvert la porte à tout dérapage en n'admonestant que d'un simple avertissement à la Fédération égyptienne de football, et ce, malgré le rapport accablant de Walter Gagg. Entre- temps la Fifa a infligé une suspension de deux mois ferme au sélectionneur argentin, Diego Maradona, pour avoir tenu des propos vulgaires à l'encontre de la presse de son pays. «Ce deux poids, deux mesures» dans la prise de décision est dénoncé par tous. A commencer par l'ancien international français, Emmanuel Petit: «On suspend Maradona deux mois pour des insultes et on ferme les yeux sur les incidents graves qui sont survenus au Caire.» Même le grand quotidien new-yorkais s'est mis de la partie. Ce qui s'est produit au Caire «nous fait craindre pour la loi et l'ordre dans le sport». Les répercussions se font encore sentir après que les joueurs algériens aient été violemment intimidés, jeudi, par des jets de pierres de supporters égyptiens à leur arrivée au Caire note le New York Times avant de conclure: «Il est difficile de savoir comment on peut organiser une compétition juste dans un tel contexte.» Et quand les actes remplaceront les «grands» discours, peut-être que ces incidents déplorables n'auront plus le droit d'exister lors d'une simple rencontre sportive...Mais en attendant, l'histoire retiendra que la Fifa portera l'entière responsabilité en cas de dérapage aujourd'hui au stade d'El Merrikh à Khartoum.