Ils étaient nombreux à se présenter sans billet dans l'espoir d'embarquer gratuitement. C'est une véritable marée humaine qui a investi l'aéroport international Houari-Boumediene. Les fans des Verts ont transformé l'aéroport en un stade. Tous les accès étaient bondés. Impossible de se frayer un passage à l'intérieur! Vêtus d'habits en vert, blanc, rouge, ils étaient collés aux vitres de l'enceinte de l'aéroport en attendant le signal des policiers. «One, two, three, viva l'Algérie», «la victoire fi Soudane ya Saâdane», chantaient les fans de l'Equipe nationale en prenant leur mal en patience. Venus de différents coins du pays et même du fin fond du désert, les jeunes avaient un seul espoir: décrocher une place pour aller au Soudan. «Je suis là depuis hier soir, j'ai passé la nuit ici pour pouvoir partir au Soudan», affirme Mohamed, 27 ans, qui a raté son vol avant-hier, pour le Soudan. Tenue sportive reflétant les couleurs de l'emblème national, ce transporteur de voyageurs s'est déplacé de Tlemcen pour prendre l'avion à destination de Khartoum. «J'ai raté mon vol avant-hier, mais je m'en fous, j'ai le passeport et l'argent pour acheter un autre billet. L'essentiel pour moi est de partir à tout prix», dit-il avec détermination. Les yeux cernés, la mine affaiblie, il prie pour une seule chose: assister à la victoire des Verts au Soudan. «Je suis confiant en notre équipe. Elle réussira contre l'Egypte Inchallah», priait-il avec patience. Comme Mohamed, ils étaient des centaines, pour ne pas dire des milliers de jeunes à prendre d'assaut l'aéroport international. Passeport et billet en main, les supporters se sont dépêchés avant l'heure pour s'assurer le départ. D'autres n'avaient même pas de billet. «Je n'ai pas d'argent, je suis venu dans l'espoir de trouver un vol gratuit pour embarquer», avoue Réda, habitant Baraki. Certains n'ont pas perdu leur temps en faisant même l'aumône pour collecter la somme. «Aidez-nous Allah yahfedkoum pour aller au Soudan», demandait un adolescent à un automobiliste au niveau du barrage de police. «J'ai presque collecté la somme», disait-il à l'adresse de ses copains en répétant: «Vive l'Algérie, vive les Verts». Il faut reconnaître que le parking de l'aéroport a complètement changé de couleur. L'emblème national était affiché partout. «Nous n'avons jamais connu ça», commente un sexagénaire. «Depuis les premières heures de la matinée, des foules importantes commençaient à affluer vers l'aéroport», témoigne un agent de la sécurité, épuisé de fatigue. «Nous sommes mobilisés depuis deux jours ici», précise-t-il avec un soupir. Ces derniers étaient dépassés par les supporters qui ont investi l'aéroport depuis plusieurs jours. D'ailleurs, pour maîtriser la foule, des Casques bleus ont été mobilisés tout au long de la façade de cette enceinte. «On dirait, un Etat de siège», commente un passager à l'adresse de son collègue. A l'intérieur, l'ambiance était morose. Tous les magasins ont baissé rideau. Même les agences de voyage ont vidé les lieux avant l'heure. «C'est l'anarchie totale», commente un chef de service pour décrire ce qui se passe. «On a commencé ce matin (hier Ndlr) à vendre les billets sur place et leur permettre d'embarquer directement, mais vu que des foules énormes se sont dépêchées, nous étions obligés de fermer le guichet», a-t-il expliqué. Pour lui, il est impossible de gérer des milliers de supporters dont la plupart n'ont pas d'argent. «La rumeur a provoqué une grande pagaille», déplore cet agent. Interrogé sur les vols qui sont déjà partis, notre interlocuteur précise que 7 vols ont été effectués depuis le début de l'opération. «Ce mardi, nous avons prévu 19 vols, et nous sommes actuellement à trois», indique-t-il et l'heure affichait exactement 15h30. Ce chef explique qu'il y a un problème d'arrivage. «Nous avons 32 appareils pour transporter les hadjis et assurer les vols réguliers, et avec les 30 vols programmés, nous sommes dépassés», a-t-il reconnu en assurant que «les supporters seront tous transportés ce soir (hier)», a-t-il affirmé.