Jamais un événement sportif, politique ou autre n'a suscité autant d'euphorie chez les habitants de la basse Kabylie. La population de Béjaïa et ses contrées est en fête. Au coup de sifflet final, hommes, femmes, jeunes et moins jeunes ont investi les rues exprimant leur joie et leur fierté d'appartenir à un pays qui gagne. Et quelle joie! Doublement. En plus de se qualifier au Mondial sud-africain, la victoire a été acquise contre un adversaire qui a tenté de nous humilier en usant de tous les subterfuges possibles et autres pratiques extrasportives. Au-delà de la victoire, qui reste l'une des plus belles et savoureuses, les dépassements d'avant match de samedi passé au Caire ont fait que tout un chacun s'est senti concerné. En s'attaquant au bus des Verts et en blessant les joueurs, les Egyptiens ont dépassé la ligne rouge touchant à l'honneur des Algériens. S'en était trop. La réaction de la rue bedjaouie n'a de sens que celui d'une réaction à une atteinte aux symboles de la Nation. Lors des confrontations du Caire et de Khartoum, la population de Béjaïa était, à l'instar de celle de tout le pays, gagnée certes, par le doute. Mais l'incertitude avait vite cédé la place à l'espoir. Les initiatives des pouvoirs publics étaient déjà annonciatrices d'une volonté tous azimuts de remporter cette ultime confrontation contre les Pharaons. On a alors vite repris les chants et autre défilés dans les rue. Bien avant le match la victoire était déjà fêtée. Les gens sortaient dans la rue comme si les Verts étaient déjà qualifiés. Et la fête fut jusqu'au petit matin de la nuit de mercredi pour être relancée de nouveau dans la nuit de jeudi à vendredi. Défilé pédestre, en véhicule, disc-jockey dans l'ensemble des carrefours et cités de la ville, Béjaïa a vécu des nuits comme elle n'en avait jamais eues. Pour une revanche, elle en fut une et de fort belle manière. C'était tout le «Nif» des Algériens qui est à relever. Aux habitants de la ville de la Soummam, d'autres supporters se sont déplacés de toutes les régions limitrophes pour fêter la victoire des Verts. A bord de leurs véhicules ou dans les transports en commun. Dans la ville, les principaux carrefours étaient bloqués. On y chantait, dansait sans retenue. Cela ne pouvait pas être autrement. Les rues et places publiques étaient squattées. Drapeaux accrochés aux véhicules, visages peints aux couleurs nationales, des cortèges en vert, blanc et rouge n'ont pas arrêté de sillonner les artères de la ville jusqu'au petit matin. Il en sera de même chaque soir pendant sept jours, a-t-on promis. Malheureusement, cette mobilisation festive n'a pas été sans conséquences. Aussi, a-t-il été relevé 1 mort et 36 blessés au cours du match et des manifestations. Mouloud Kassa, 42 ans, a eu un malaise cardiaque au moment où Antar Yahia inscrivit le but libérateur des Verts. Il a été inhumé, hier, à Béjaïa. Six accidents de circulation se sont ajoutés aux divers incidents pour faire 36 blessés à divers degrés. Un autre arrêt cardiaque aurait eu lieu dans la même ville, rapporte-on encore hier.