Les syndicats autonomes ont qualifié la sortie de Benbouzid avec la Fédération des parents d'élèves de «non-événement», et celle de la Fnte de «diversion». Le torchon brûle toujours. Après les déclarations divergentes entre les syndicats et les pouvoirs publics quant au taux de suivi de la grève, le rassemblement d'hier a été sans conteste, le seul baromètre de l'ampleur de la grève et de l'engagement des travailleurs avec l'Intersyndicale de l'éducation qui n'en finit pas de provoquer une véritable saignée dans les rangs de l'Ugta. L'Intersyndicale de l'éducation de Béjaïa a réussi une véritable démonstration de force, hier devant le siège de la direction de l'éducation de la wilaya. Plusieurs centaines de travailleurs de l'éducation, de différentes catégories, enseignants, corps communs, adjoints d'éducation, et affiliés aux différents syndicats, Cnapest, Unpef, Satef, notamment, rejoints par plusieurs syndicalistes de l'Ugta, qui par ailleurs ont annoncé leur retrait définitif des rangs de la Centrale syndicale, ont manifesté leur attachement aux revendications de l'Intersyndicale et par ricochet, dénoncé les manoeuvres de Benbouzid, comme a tenu à le souligner Slimane Zenati, coordinateur du Cnapest de Béjaïa: «Par sa sortie médiatique, Benbouzid récidive dans ses manoeuvres de saborder notre mouvement de grève au lieu de regarder la réalité en face en appelant à des négociations sérieuses et responsables. Aucun moyen ni autre manoeuvre ne feront reculer la détermination des travailleurs de l'éducation.» Hier, la rue béjaouie a renoué avec les grands rassemblements. La promulgation d'un régime indemnitaire digne et de carrière avec effet rétroactif, l'abrogation de l'arrêté 158/94 qui a offert sur un plateau la gestion des oeuvres sociales à la Fnte-Ugta, l'application des textes régissant la médecine du travail, l'intégration de tous les contractuels en poste en qualité de stagiaires, et la classification de certains corps dans le statut particulier, comme les corps communs, les ingénieurs et autres, sont autant de revendications mises en avant lors de ce rassemblement organisé par l'Intersyndicale de l'éducation de Béjaïa. «Notre action entre dans le cadre de l'action nationale arrêtée par l'Intersyndicale nationale pour appuyer notre action du mouvement de grève. On doit clarifier une bonne fois pour toutes notre position concernant les oeuvres sociales, qui confirme la gestion des oeuvres sociales par l'administration mais avec le contrôle et le droit de regard des syndicats. Loin de nous l'idée de vouloir gérer la Caisse des oeuvres sociales» souligne Zahir Melane, porte-parole de l'Unpef de Béjaïa. Venus des quatre coins de la wilaya, les travailleurs de l'éducation ont été unanimes quant à la poursuite de la grève jusqu'à satisfaction totale des revendications. «On en a mare des promesses de Benbouzid qui a toujours su gagner du temps en installant des commissions au lieu de faire face aux problèmes», déclare une enseignante du technicum d'El Kseur, avant d'ajouter à l'intention de la Fnte qui tenait sa conférence nationale hier à Tipasa: «En dehors des syndicats autonomes nous n'avons mandaté personne ni une autre entité syndicale pour nous représenter auprès des pouvoirs publics. Nous les mettons en garde qu'on refuse tout acquis concédé à cette entité en voie de disparition». Par ailleurs, les présents n'ont pas omis de mettre en garde les pouvoirs publics qui voudraient associer la Fnte aux négociations. «Après une hibernation de plus de cinq ans, revoilà la Fnte actionnée à distance par les pouvoirs publics pour récupérer notre mouvement; c'est de la pure diversion...» déclare Slimane Zenati avant d'ajouter: «Aujourd'hui, les pouvoirs publics ont enfin compris que la stabilité et la paix sociales ne sont plus l'apanage de l'Ugta, bien au contraire, l'avenir de notre nation est dans la jeunesse et les structure autonomes qui placent l'intérêt général au-dessus de l'intérêt particulier et tout autre calcul est mercantiliste.»