Le développement des forces afghanes est un facteur clé, dans la lutte contre l'insurrection et dans la perspective du départ des quelque 100.000 soldats étrangers aujourd'hui déployés en Afghanistan. Le projet des autorités afghanes de renforcer considérablement les effectifs de l'armée et de la police à brève échéance a été accueilli avec beaucoup de scepticisme par des diplomates et des spécialistes des questions militaires, qui le trouvent trop ambitieux. Le développement des forces afghanes est un facteur clé dans la lutte contre l'insurrection et dans la perspective du départ des quelque 100.000 soldats étrangers aujourd'hui déployés en Afghanistan. Mais l'Afghanistan manque de la capacité à recruter et à entraîner des hommes en nombre suffisant, selon des experts, en dépit de la promesse du président Hamid Karzaï que les forces afghanes seront capables de prendre en main la sécurité du pays d'ici à la fin de son mandat, dans cinq ans. «L'armée afghane compte aujourd'hui 100.000 hommes. D'ici à la fin de l'année afghane (20 mars 2010), nous voulons atteindre un effectif de 150.000 soldats et notre objectif est d'avoir à terme 240.000 hommes», a déclaré le porte-parole du ministère de la Défense, Zahir Azimi. En ce qui concerne la police, le but affiché est de passer des 97.000 hommes aujourd'hui sous l'uniforme à 160.000, «d'ici à une date qui est encore en discussion», a reconnu le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Zemaraï Bashary. Une telle augmentation des effectifs sème le doute chez de nombreux experts, alors que l'Afghanistan manque de jeunes sachant lire et écrire. Sans parler des doutes sur la qualité au combat d'hommes qui n'ont suivi que huit semaines d'entraînement. «Cela voudrait dire qu'ils vont devoir entraîner 3000 soldats supplémentaires par mois - c'est énorme», souligne sous couvert de l'anonymat l'attaché militaire d'une ambassade à Kaboul. «Ils vont devoir trouver plus de 100.000 jeunes hommes qui soient au minimum semi-éduqués et volontaires pour s'engager, cela sera très difficile». Un autre défi sera de trouver les officiers et sous-officiers expérimentés capables d'encadrer ces nouvelles recrues: une première promotion de 120 élèves-officiers a tout juste été diplômée cette année, après quatre ans de formation à l'Académie militaire nationale. Les mêmes problèmes se posent de manière accrue pour les policiers, qui sont moins bien payés et plus souvent exposés aux attaques des insurgés. «Il n'y a aucune chance pour qu'ils puissent recruter tant de volontaires. La diffusion de ces chiffres a un objectif politique, alors que les Afghans sont sous pression des Etats-Unis pour (faire) monter en puissance leurs forces de sécurité», juge un diplomate occidental. Pour sa part, la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) de l'Otan, estime que l'armée afghane est considérablement affaiblie par les désertions et la toxicomanie. Sur les quelque 94.000 soldats afghans déjà entraînés, 10.000 ont déserté, selon le général allemand Egon Ramms, commandant de l'état-major allié interarmées, responsable des opérations de l'Isaf. 15% des soldats consomment de la drogue, selon lui. La police, dont un des membres a tué le 3 novembre cinq soldats britanniques, souffre des mêmes problèmes, en plus de la corruption, et a été mal entraînée jusqu'à présent, a ajouté le général allemand. Les pertes des deux institutions sont aussi très importantes: celles des soldats afghans devraient atteindre 800 morts et celles des policiers 1500 en 2009. Le président américain Barack Obama doit se décider dans les prochains jours sur l'envoi éventuel de dizaines de milliers de soldats américains en renfort, dont une partie serait assignée à la formation des forces afghanes.