Curieusement, les prix des moutons ont relativement baissé cette année à Constantine. L'année dernière, ils atteignaient les 50.000 DA. Cette année, ils se situent entre 18 000 et 30.000 DA, à la grande satisfaction des Constantinois qui vivent une double fête en ce mois de novembre, désormais, le mois porte-bonheur de tous les Algériens. D'abord, la qualification des Verts au Mondial 2010 et ensuite, l'Aïd el Adha. A l'exception de quelques- unes, toutes les familles constantinoises seront au rendez-vous de ce rituel sacré. L'ambiance est à la fête. Salah, père de famille, affirme que «non seulement je vais fêter l'Aïd cette année, mais je vais sacrifier deux agneaux qu'un vendeur m'a cédés pour 30.000 DA, un pour la victoire de l'Algérie et l'autre pour le rituel». A l'opposé, une veuve, mère de trois enfants, se désole de ne pouvoir s'offrir ce luxe. «Malheureusement, mes faibles moyens financiers ne me permettent pas d'acheter un mouton. Aussi, dois-je me contenter de l'achat de viande pour fêter à ma façon l'Aïd qui est, cette année, bien différent des autres grâce à la victoire des Verts.» Ainsi va la vie dans la ville des Ponts. Des ponts séparant les différentes franges de la société. Aux quatre coins de la ville, des revendeurs proposent des ovins à des prix abordables. A la grande cité El Mansourah de Constantine, un vendeur se réjouit d'avoir déjà écoulé tout son troupeau. Et de rappeler qu'à la même période de l'année dernière, il n'avait réussi à en vendre que la moitié. A Oued El Had, El Guamasse ou à Sidi Mabrouk, le constat est le même. Cependant, les vieilles pratiques ont la peau dure. En effet, devant l'engouement des citoyens à acquérir un mouton, certains revendeurs n'hésitent pas à augmenter les prix. Pour ce faire, ils sillonnent les quartiers isolés pour écouler leur marchandise à leur prix. Le subterfuge découvert, certains parents se voient contraints de faire des kilomètres pour acheter à moindre prix. C'est le cas de ce père de famille qui vient de s'offrir un mouton à 25.000 dinars. «C'est la moitié de mon salaire. Mais j'ai fait la promesse à mes enfants que si l'Equipe nationale se qualifie au Mondial j'achèterai un mouton. Et dire que ces trois dernières années, je n'ai pas respecté le rituel» souligne-t-il Mais combien sont-elles ces familles au faible revenu qui ne fêteront pas l'Aïd? Leurs enfants devront se contenter de contempler le bélier du voisin. Rabah, père de quatre enfants scolarisés, dira: «Je touche à peine 30.000 DA le mois, je ne peux pas faire plaisir à mes enfants.» De nombreux citoyens sont dans la même situation. Certains n'ont pas goût à la joie du Sacrifice depuis des années. Cependant, cette année le mal est moins ressenti grâce aux Verts. En fait, on avait presque oublié le souci du mouton en raison de l'événement footballistique.