La classe politique en Algérie confirme qu'elle est en décalage par rapport à la société. Les partis politiques ne ratent jamais l'occasion de passer à côté des événements qui préoccupent les Algériens. Faut-il ou non rompre les relations avec l'Egypte? La question reste posée. Les avis sont divisés. Les uns y sont favorables, tandis que les autres disent «non». Les partis politiques algériens annoncent un «non» catégorique. De nombreuses formations ne souhaitent pas une telle éventualité. Un avis qui n'est pas totalement partagé par les citoyens. Nombreux sont les Algériens qui souhaitent la rupture des relations diplomatiques avec l'Egypte. Les avis des Algériens recueillis par L'Expression sont tous favorables à une telle démarche. Certes, ces avis ne représentent pas les 35 millions d'Algériens. Il ne s'agit pas d'un référendum ni d'un sondage d'une institution spécialisée. Mais, juste d'un micro-trottoir qui a relevé que tous les citoyens qu'on a interrogés ont dit «oui» à la rupture des relations diplomatiques avec l'Egypte. Rencontrés dans les rues d'Alger et dans les différentes cafétérias de la capitale, les citoyens justifient leurs avis. Halim, 43 ans, architecte de formation, a commencé par s'interroger sur le silence des autorités algériennes. «Je ne comprends absolument pas le silence de nos officiels. Alors, que les Egyptiens ont osé porter atteinte à l'Algérie, à son histoire et à la glorieuse guerre de Libération, nos responsables n'ont pas bougé le doigt pour exiger des excuses à l'Egypte», a-t-il déclaré. Et de donner son avis sur la rupture des relations avec l'Egypte. «Quels intérêts avons-nous à tirer de nos relations avec l'Egypte?», s'est-il interrogé. Et d'annoncer: «Il est plus qu'impératif de rompre nos relations diplomatiques, même momentanément. C'est-à-dire, jusqu'à ce que l'Egypte officielle s'excuse pour les agressions subies par nos joueurs et supporters lors du match retour au Caire, ainsi que pour les attaques médiatiques de l'Egypte contre l'Algérie.» A peine Halim vient-il de terminer sa phrase, que Bachir, la cinquantaine, s'invite à la discussion: «Pourquoi continuer? Pour que les Egyptiens profitent encore économiquement de l'Algérie? Les masques sont tombés. Nous n'avons rien à gagner en maintenant nos relations avec un pays, jadis frère, qui s'est avéré le premier ennemi de l'Algérie. Bien au contraire, c'est l'Egypte qui a tout à perdre et non pas le contraire», a estimé cet enseignant de l'école primaire de Kouba. A noter que des dizaines de citoyens rencontrés dans cette cafétéria partagent le même avis. «Je n'ai jamais considéré l'Egypte comme un pays frère et le temps a fini par me donner raison. Les Egyptiens ont "vomi" toute la haine qu'ils portent aux Algériens et à l'Algérie en tant que pays», a expliqué Saïd. Que pensent les Algériennes d'une telle démarche? Sakina, étudiante à la Fac centrale, livre son opinion: «Depuis la qualification de notre Equipe nationale à la Coupe du Monde, nous avons assisté à une campagne médiatique, sans précédent, contre l'Algérie. Je ne supporte plus regarder les chaînes égyptiennes qui s'attaquent à notre pays. L'Egypte a déjà, à ma connaissance, convoqué son ambassadeur en Algérie. Il revient à nos dirigeants d'agir de telle sorte, jusqu'à ce que les choses soient plus claires», estime notre interlocutrice. A propos de la position affichée par les partis politiques algériens qui ont dit «non» à la rupture des relations avec l'Egypte, nos interlocuteurs ont eu ces attitudes. «Tout le monde sait que les partis politiques ne représentent pas le peuple algérien. Ils sont en train de faire de la politique pour leurs propres intérêts», a déclaré Halim. «Nous ne reconnaissons pas les partis politiques. Il n'y a rien à attendre de ces "pseudo-politiciens". C'est le peuple qui dénonce et il revient aux dirigeants du pays d'agir fermement contre ceux qui portent atteinte à nos martyrs et notre nation», a enchaîné Bachir. Une fois de plus, les partis politiques algériens confirment qu'ils sont en décalage par rapport à ce qui se passe dans la société. Ils ratent, comme à chaque fois, l'occasion de partager le souci et les avis des Algériens. Il ne s'agit, en fait, que d'une autre défaillance des politiciens algériens. C'est un autre échec qui vient s'ajouter à la liste, déjà longue, des manquements avec lesquels s'illustrent les formations politiques en Algérie.