«Cet hommage est «nécessaire» car, il faut entreprendre un travail de mémoire, de communication et de transmission afin que toutes les oeuvres d'artistes soient connues et résistent aux aléas du temps et de l'oubli», a estimé Denis Martinez. Un hommage posthume a été rendu par des artistes algériens au peintre Abdelkader Guermaz (1919-1996), au Centre culturel algérien où une foule nombreuse a pris part a cet événement marqué par l'exposition de 24 tableaux d'artistes vivants ou disparus. Des noms prestigieux de la peinture algérienne étaient représentés comme Mohamed Khadda, Baya, Abdellah Benanteur, Ali Silem, Denis Martinez, Choukri Mesli, Arezki Larbi, Mohamed Aksouh, Otmane Morsali et bien d'autres. Chacun dans son style, avec sa sensibilité artistique et une thématique propre, avait rendu hommage à ce peintre considéré comme l'un des fondateurs de la peinture algérienne moderne. Sonia Bardassi, artiste peintre, s'est dit «émerveillée» par la richesse de cette exposition et les grands noms qui y figurent. «C'est magnifique qu'une telle exposition se tienne à Paris et dans un espace culturel algérien où toutes ces oeuvres trouvent naturellement leur place», a-t-elle expliqué. Ali Silem a estimé, pour sa part, que «la peinture de Guermaz a été d'un apport extraordinaire pour l'art pictural national. J'ai découvert ses peintures lors de mes voyages à Paris. J'ai été frappé par ses tons et ses compositions abstraites. Ses oeuvres étaient d'une ouverture étonnante et extraordinaire». «Guermaz faisait partie de l'Ecole algérienne de Paris, tout comme Khadda et Benanteur. Malheureusement, ces artistes n'ont pas été assez et convenablement sollicités pour féconder la peinture dans notre pays et poursuivre ce qu'ils ont entamé», a-t-il ajouté, déplorant «la rupture entre ces artistes et la génération de l'après-indépendance, même si certains jeunes peintres ont fait une jonction». Pour cette exposition collective, Ali Silem a choisi un tableau intitulé La zmala de l'Emir Abdelkader. «Un clin d'oeil à la fois à Guermaz, natif de Mascara, et au grand homme que fut l'Emir Abdelkader, le chef de file de la résistance populaire, mais également un grand homme de culture et de savoir», a-t-il précisé. Denis Martinez, qui vit entre Marseille et Alger, a estimé que «l'oeuvre de Guermaz se distingue par son style particulier, ses tons, ses tonalités et sa manière de morceler l'espace». Même si Martinez a adopté son style affirmé dans le mouvement pictural «Aouchem» s'inspirant des signes et tatouages ancestraux qui ont traversé les millénaires, cet artiste se dit «très attiré par la sensibilité que dégagent les oeuvres de Guermaz et des autres peintres de sa génération». Denis Martinez estime que cet hommage est «nécessaire» car, «il faut entreprendre un travail de mémoire, de communication et de transmission afin que toutes les oeuvres d'artistes soient connues et résistent aux aléas du temps et de l'oubli». Abdelkader Guermaz appartient à «la génération des années 30» dont font partie les Mohamed Khadda, Abdellah Benanteur et Mohamed Aksouh. C'est une école de l'abstraction alliant tradition et modernité, seul langage qui leur permit de retrouver leurs propres racines et d'inscrire leurs oeuvres dans le courant de la peinture contemporaine. Le CCA de Paris lui a déjà rendu un hommage, en octobre dernier, par le biais d'une exposition retraçant les oeuvres les plus marquantes de l'artiste.