Les projets des Emirats arabes unis déjà en activité en Algérie ne seront pas affectés par la crise que traverse l'un des émirats de cet Etat. Les investissements des étrangers au niveau local ne sont pas à l'abri de problèmes, y compris ceux initiés par les Emirats arabes unis. C'est là le verdict de Mbarek Serraï, économiste, qui est toujours en contact avec des opérateurs arabes désirant s'installer en Algérie. Il met quand même un bémol à cette sentence. Les projets déjà implantés n'auront pas à souffrir énormément. Mais, ajoute-t-il, pour les nouveaux investissements, il faut encore que l'Algérie patiente un certain moment avant qu'ils ne soient concrétisés. Sa connaissance des milieux d'affaires arabes lui permet de dire que de nombreux investisseurs émiratis considèrent toujours le pays comme disposant d'un climat favorable pour s'y implanter. Le bâtiment, l'agroalimentaire et la pétrochimie, sont autant de secteurs visés par les investisseurs. Toutefois, ils seront décalés dans le temps, affirme notre interlocuteur. Mais ce n'est pas tout. Si les sociétés mères des filiales implantées dans le pays se retrouveront confrontées à des difficultés, il n'est pas exclu que des impacts se fassent sentir sur l'Algérie. Cet avis est également partagé par Abderrahmane Mebtoul, économiste et enseignant à l'université d'Oran. Mebtoul explique que ce ne sont pas les cas illustrant les restructurations en Algérie à la suite de la crise économique mondiale qui manquent. Il cite l'exemple d'ArcelorMittal. Ses dirigeants sont contraints à prévoir des plans de licenciement même si ce n'est pas la voie qui arrange le plus le gouvernement. Dans l'hypothèse où de nouvelles restructurations touchant les sociétés émiraties se font ressentir, le gouvernement n'aura d'autre choix que de mettre la main à la poche. Il le fait déjà avec ArcelorMittal. Les subventions sont fournies sous forme de commandes pour renflouer les caisses du complexe de Annaba au lieu d'avoir de nombreux autres chômeurs sur les bras. Les récents problèmes avec les investisseurs égyptiens illustrent le fait selon lequel l'Algérie doit penser à un autre modèle de développement, selon Mebtoul. Car il n'y a pas que le choc de la crise mondiale qui se fait ressentir sur le pays. Le poids des relations bilatérales est tout aussi important lorsque la stratégie de développement est basée en partie sur les investissements étrangers. L'effet psychologique des crises se fera ressentir car il y aura une onde de choc sur les investissements et ce sera l'attentisme qui caractérisera le mouvement des hommes d'affaires, selon Mebtoul. Serraï et Mebtoul rappellent aussi le retrait des projets de Eamar du fait de la crise internationale. Alors forcément, si celle-ci s'aggrave davantage, il n'y aura pas un engouement vers l'Algérie. Le fait que l'immobilier et les finances ne soient pas les secteurs à travers lesquels les sociétés émiraties soient les plus présentes, préserve en quelque sorte l'Algérie. Au moment où l'impact de la crise économique mondiale s'est manifesté en Algérie avec le retrait des projets d'Eamar, il y a eu un manque à gagner évalué à 5 milliards de dollars. Les récents problèmes auxquels font face les Emirats arabes unis rappellent que le risque est fort de constituer un nouveau frein aux intentions des investisseurs potentiels. Mais le consensus est établi pour constater que certains projets déjà bien implantés dans le pays avant cette crise, ne courent pas de gros risques.Parmi ces derniers, on peut dénombrer la présence de Dubai World Port qui gère les ports d'Alger et de Jijel. La banque Es Salam a aussi commencé son activité depuis une année. Il est attendu que d'autres banques suivent son exemple, à l'instar de Gulf Bank et de la Banque islamique d'Abu Dhabi. L'usine d'aluminium de Béni Saf est aussi prise en charge par un consortium de ce pays qui n'a pas omis d'étendre sa présence au secteur de l'énergie. Ces secteurs ne sont pas les plus touchés par la crise qui se manifeste plutôt dans l'immobilier. C'est là qu'il y a eu un problème de remboursement d'une dette de plus de 80 milliards de dollars qui pèse sur l'émirat de Dubai.