Les entrepreneurs publics et privés ne sont pas certains qu'ils seront capables d'honorer l'augmentation des salaires sans conséquences fâcheuses pour leurs entités. H'cène Benyounès, président de l'Union des entrepreneurs publics, ouvre le feu contre la décision du président de la République d'augmenter le Snmg. Les sociétés publiques n'ont même pas de quoi payer leurs travailleurs, s'est-il indigné, hier, en prenant la parole à l'ouverture de la tripartite qui s'est déroulée à Alger. Le secteur public n'est pas le seul à connaître des difficultés. Le président de la Confédération des industriels et des producteurs algériens, M.Ziani, a fait part des mêmes craintes que les sociétés soient inaptes à prendre en charge ces nouvelles dépenses. Le Snmg, actuellement de 12.000 dinars, devrait être augmenté de 2000 ou de 3000 dinars. C'est le président de la République qui a pris cette décision lors de son discours électoral de février dernier. Tous les autres participants à la tripartite l'ont répété, y compris le Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Certains patrons ont déjà émis des réserves sur le dossier alors que d'autres profiteraient peut-être du huis clos de la rencontre pour le faire. En tout cas, il n'est pas faux de dire que le Président a scellé le sort de la tripartite depuis février dernier ne laissant aux partenaires sociaux que le soin d'apposer leur sceau au bas du communiqué final pour entériner une décision qui leur échappe totalement. Quant à M.Ziani, il s'étonne de la décision du Président à propos du Snmg sans aucune étude préalable. En contrepartie de cette dépense, les patrons estiment qu'ils n'ont rien obtenu du gouvernement. Ils considèrent alors que le temps est venu pour soumettre leurs doléances. Certains soulignent qu'il est paradoxal que les banques algériennes croulent sous les liquidités alors que l'investissement est quasiment absent. Ils verraient alors d'un bon oeil le fait que le gouvernement ouvre les vannes et assouplisse les conditions d'octroi des crédits. Mais cela est loin d'être suffisant. Les demandes concernent aussi l'adoption d'un échéancier pour le paiement des dettes et une révision à la baisse des taux d'intérêt. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, fait miroiter quelques avantages aux entreprises après l'entrée en vigueur du plan de relance 2010-2014. Sans qu'il ne précise ses pensées. Même si les revendications du patronat sont claires, les entrepreneurs veulent participer davantage à la réalisation des projets lancés par l'Etat de manière à ce que les entreprises étrangères ne soient pas les seules à profiter d'une manne de plus de 150 milliards de dollars. Mohamed-Saïd Naït Abdelaziz, président du Conseil national du patronat algérien, émet des propositions allant dans ce sens. Ouyahia n'est pas opposé à cette idée. Les patrons regrettent qu'en contrepartie de la hausse des salaires, il n'y ait aucune décision pertinente pour écarter les handicaps auxquels est confrontée l'entreprise. La liste est longue. Bureaucratie, crédits au compte-gouttes, fiscalité lourde, foncier inaccessible et marché informel sont autant de boulets que traînent les sociétés. Ouyahia assure que l'assainissement de l'environnement des entreprises est une préoccupation de son gouvernement sans omettre de souligner que cela ne veut pas dire que les réformes subiront un coup de frein. Implicitement, il prévient que les temps risquent d'être durs. Un paradoxe que les entrepreneurs ne manqueront pas de relever. Pour atténuer les divergences entre les trois partenaires, Ouyahia propose le prolongement de la durée de validité du pacte économique et social. Cela fera le bonheur des entreprises publiques dont les dirigeants n'auront pas à faire face à des vagues de protestations sociales. C'est d'ailleurs ce qu'a constaté Fayçal Khelil, président du directoire de la Société de gestion des ports, lors de son allocution. C'est aujourd'hui que toutes ces questions seront débarrassées de leurs zones d'ombre et clarifiées. Ouyahia a promis que le rendez-vous prendra fin aujourd'hui. Dès les premières heures de la matinée. Le temps sera alors au bilan de la rencontre.