Il n'en revient pas d'être dans son pays natal, l'Algérie. Nous l'avons rencontré dans les coulisses à la fin du concert. Fayçal est un jeune compositeur français né en Algérie, pays où il a vécu jusqu'à l'age de 11 ans, et dont le souvenir reste pour lui indélébile. A 18 ans, il commence la guitare, deux ans plus tard vient la pratique du oud en autodidacte. Son premier album, Timgad, est un recueil d'histoires d'amour (réelles ou imaginaires) revues avec toute la subjectivité du temps qui passe. Cet album est aussi un récit de voyages musicaux entre l'Orient et l'Occident. Une musique métissée, jalonnée d'improvisations résultat du travail d'un groupe de musiciens talentueux, issus d'horizons divers, qui mettent en commun leur savoir leurs énergies et surtout leurs émotions... L'Expression: Vos impressions à chaud après le concert. Fayçal Salhi: Super concert. Magnifique rencontre. On a envie que cela se reproduise. Parlez-nous de votre aventure musicale. Je dois dire qu'à la base, c'est dû à ma rencontre avec Vladimir et Etienne qui sont contrebassistes, batteurs et percussionnistes du groupe. Ce sont eux qui avaient envie qu'on travaille ensemble. C'est Vladimir qui s'est chargé de recruter le reste de l'équipe à mon plus grand bonheur. Comment est née cette fusion jazz-oriental? Elle est naturelle en fait.Je ne suis pas le premier à l'avoir fait. J'ai déjà entendu jouer du jazz avec le oud avant que j'en fasse. Après le jazz, c'est quoi? Ce n'est que de l'improvisation. C'est l'instant du jeu et de la communication avec les autres musiciens. C'est une appellation que l'on peut appliquer à énormément de musiques, à partir du moment où chaque musicien peut s'exprimer à son tour comme vous l'avez pu le voir ce soir. Pourquoi le oud avec le jazz? Ça c'est dû à la magie des rencontres dans la vie. Au début, je faisais de la guitare, je jouais du hard rock, j'étais fan des Guns N' Roses. C'est vieux tout ça maintenant... Le oud c'est définitif alors? Oui c'est définitif, en même temps personne ne sait ce que sera l'avenir. Et je ne réalise pas encore que je suis à Alger. J'ai beau sortir, voir Makam Echahid etc. j'ai eu beaucoup de mal à commencer le concert car l'émotion était très intense. Comment définissez-vous votre musique? Une fusion entre la musique jazz et la musique orientale. Le oud est l'instrument roi de la musique orientale de toute façon. C'est toujours intéressant de lui faire rencontrer la contrebasse ou encore la batterie qui a été jouée ce soir d'une manière compellative atypique avec les mains, en élargissant aussi à chaque fois le champ des instruments, en y introduisant un saxophone, un violoncelle, c'est en tout cas enrichissant. On fait aussi toujours de belles et magiques rencontres quand on est programmés dans des festivals car l'intérêt de la musique est d'aller vers les autres. Prochaine date ou projet? Ce qui nous attend, est la sortie de notre prochain disque. Après Timgad, le prochain s'appellera Alouane (couleurs). Cela renvoie au métissage de notre musique, d'instruments qui n'appartiennent pas forcément à la même culture. Le violoncelle est toujours connu pour sa vocation classique. Le saxophone, c'est l'instrument de Charlie Parker et compagnie avec un vrai esprit jazz.. L'album sortira, on l'espère au mois d'avril. Comment faites-vous pour travailler ensemble sachant que vous ne lisez pas le solfège? Oui je suis autodidacte, je leur envoie la musique par mail et ils l'apprennent. C'est comme la méthode de transmission orale qu'il y a dans la musique chaâbi chez nous. Nous ne faisons pas de musique pour cibler un public particulier. Il faut sentir ce qu'on fait, il faut être en accord avec le corps et l'instrument qui est le prolongement de tout. Si je rencontre des musiciens algériens qui sont dans cette optique-là, oui, je pourrais travailler avec eux. Bien sûr, avec plaisir. J'ai déja rencontré ici des musiciens fabuleux. Je trouve que c'est une très bonne programmation. On est enchanté et honoré d'être là.