Le rapport sur les événements de Jénine a été au centre des débats d'une AG de l'ONU assez circonspecte. C'est par une résolution, assez édulcorée, que l'Assemblée générale de l'ONU - conviée, par M.Annan, en session extraordinaire, pour examiner le rapport sur les événements de Jénine - a conclu ses travaux. Certes, une nouvelle fois, une résolution de l'ONU «demande» le retrait d'Israël. Elle n'exige pas d'Israël de se retirer des territoires palestiniens occupés. Nuance qu'il convient de relever. Cette résolution, en fait quasiment routinière, n'apporte aucun élément nouveau susceptible de replacer le contentieux proche-oriental dans son contexte qui demeure la décolonisation des territoires palestiniens occupés et la recherche des voies et moyens d'instaurer la paix entre tous les peuples de la région. L'Assemblée générale de l'ONU avai, là, l'occasion unique d'aller au fond des choses, en exploitant les conséquences induites, notamment, par les massacres commis par l'armée israélienne contre la population civile palestinienne, pour crever l'abcès. C'est loin d'avoir été le cas, les débats ayant pris les contours qu'ont voulus Israël et les Etats-Unis. En ce sens qu'aucune mesure contraignante n'a été prise contre l'occupant israélien. Par ailleurs, les Etats-Unis et Israël ont surtout mis l'accent sur la résistance palestinienne, systématiquement qualifiée de terrorisme, une manière de détourner le débat, alors que les résolutions de l'ONU donnent aux peuples colonisés le droit de se défendre, y compris par les armes. Cette pusillanimité de l'Assemblée générale s'est traduite par une résolution se réduisant à demander à Israël de se «retirer des localités palestiniennes» et à l'armée israélienne de revenir sur «les positions d'avant septembre 2000». Cette résolution a été adoptée par 114 voix contre celles des Etats-Unis, d'Israël, des îles Marshall et de la Micronésie et 11 abstentions. Cependant, cette résolution acceptée par une forte majorité des Etats membres n'aura, en fait, aucune répercussion sur la réalité du terrain du fait même que le fond du problème est biaisé sinon évacué. Israël occupe un territoire dont les limites sont consignées par les résolutions du Conseil de sécurité - votées en 1947 (résolution 181, partage de la Palestine historique) et en 1967 et 1973 (résolutions 242 et 338 ) - à l'intérieur duquel (à Ghaza et en Cisjordanie) l'Etat hébreu mène une politique d'implantation coloniale. C'est cette politique d'occupation et d'implantation de colonies juives qui a suscité ce que les Israéliens et les Américains qualifient de «terrorisme». L'Assemblée générale, se référant aux nombreuses résolutions du Conseil de sécurité demandant le retrait d'Israël des territoires palestiniens, avait, là, l'occasion de réclamer, sinon d'exiger la mise en place d'une force d'interposition entre les deux parties belligérantes. Ne serait-ce que dans l'optique d'arrêter l'effusion de sang entre Israéliens et Palestiniens. En fait, Palestiniens et Israéliens avaient besoin d'une partie tierce pour sortir de ce meurtrier tête-à-tête. La demande de retrait sans autre contrainte pour Israël, ne peut satisfaire l'exigence d'une véritable restauration de la paix dans cette région qui ne peut se réaliser sans l'édification d'un Etat palestinien souverain avec l'ensemble de ses attributs. Le rapport sur Jénine n'aura finalement pas produit le sursaut attendu, tant par le fait qu'à son tour l'Assemblée générale ne retient pas les accusations palestiniennes de massacres, quoiqu'elle mette en exergue «les nombreuses infractions» israéliennes, faisant sienne de fait la ligne d'un rapport qui, comme l'ont souligné plusieurs ONG internationales, est resté en deçà de la réalité. Le secrétaire général de l'ONU et l'Assemblée générale sont demeurés, tout compte fait, loin des attentes d'un peuple qui lutte depuis plus de 54 ans pour se libérer du joug israélien et de réaliser son rêve d'ériger son Etat indépendant.