Les Nations unies ont rendu public le rapport consacré aux violences israéliennes dans ce camp martyr de Jénine. Très attendu, le rapport de l'ONU sur les événements du camp de réfugiés de Jénine, laisse un évident goût d'inachevé en n'allant pas au fond des choses et surtout en n'appelant pas les faits par leur nom. Le rapport n'évoque nulle part les massacres commis contre la population palestinienne par l'armée israélienne. Israël, qui a refusé à la mission d'enquête d'experts de l'ONU, de se déplacer à Jénine, se réjouit aujourd'hui à ce que le rapport ne parle pas de «massacres». A contrario, les Palestiniens n'ont pas manqué de dire leur déception se demandant même: «Combien de civils doivent être tués pour que l'on parle de massacres?», comme le fait Saeb Errakat, le négociateur palestinien en chef. En fait, le rapport de l'ONU, élaboré à la demande de l'Assemblée générale de l'ONU, n'apporte pas de réponses probantes à ce qui s'est réellement passé à Jénine et dans les villes palestiniennes réoccupées par l'armée israélienne au courant du printemps dernier. Pendant cette période, l'armée israélienne a usé d'un matériel de guerre lourd contre la population palestinienne. Ce qui n'apparaît pas clairement dans le rapport de l'ONU. Il y a un trop évident souci d'équilibre - ne pas donner totalement raison aux Palestiniens sans toutefois donner totalement tort aux Israéliens - qui décrédibilise quelque peu un rapport qui devait s'en tenir uniquement aux faits. Mais pouvait-il en être autrement alors que les Nations unies n'ont pu se déplacer sur place pour établir ces faits. Ce qu'admet le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, qui indique que ce texte «n'était pas le résultat d'une enquête sur place», mais qu'«il s'appuyait sur des informations déjà disponibles dans le domaine public». De fait, l'ONU a ainsi établi son rapport à partir d'éléments de seconde main, ayant été empêchée par les autorités israéliennes d'enquêter sur place à Jénine. De fait, dans sa réaction, l'organisation américaine des droits de l'Homme HRW (Human Rights Watch) estime, en effet, que «ce n'est pas un rapport dont les Nations unies peuvent être fières» Car, précise HRW si «aucun massacre à l'échelle de ce qu'avaient dit les Palestiniens n'avait eu lieu, de réels abus ont été commis à Jénine» affirmant: «L'échec à discuter des réels abus qui se sont déroulés dans le camp de réfugiés palestiniens fait que ce rapport est fondamentalement biaisé.» Relevant enfin: «Les seules personnes qui peuvent s'en réjouir, ce sont celles qui, dès le début, ont rendu impossible l'enquête des Nations unies, c'est-à-dire les autorités israéliennes.» Effectivement, il n'y avait qu'Israël à se réjouir, jeudi, des conclusions en demi-teinte du rapport de l'ONU qui épargne à l'Etat hébreu l'opprobre internationale. Il n'en reste pas moins que le rapport relève que «497 Palestiniens (dont 52 à Jénine selon le rapport) ont été tués, entre le 1er mars et le 7 mai, durant la réoccupation des villes et localités palestiniennes par l'armée israélienne.» Pratiquement 500 personnes, tuées en moins de deux mois par l'armée israélienne, sont ainsi comptabilisées, comme l'indique le rapport. N'est-ce pas suffisant pour conclure à la probabilité d'un massacre Commentant le rapport, Kofi Annan, indique qu'«il est clair que la population palestinienne a souffert et continue à souffrir des conséquences humanitaires qui sont très graves». Cependant, le rapport de l'ONU, qui semble être un simple mémoire, ne préconise aucune suite à donner à ce rapport ni ne propose les moyens de remédier à la situation présente pour redonner ses chances au processus de paix. Au total, si le rapport estime qu'Israël a «retardé les aides aux blessés et les secours humanitaires», il ne retient pas, en revanche, les accusations palestiniennes de massacres, même si le rapport établit à 497 le nombre de Palestiniens tués par l'armée israélienne durant la période considérée (1er mars-7 mai). Comme le reconnaît M.Annan, la population palestinienne souffre et, sans doute, continuera de souffrir tant que la communauté internationale ne prend pas ses responsabilités pleines et entières envers le peuple palestinien, qui théoriquement se trouve sous la protection des Nations unies. Notons que l'Assemblée générale de l'ONU, à la demande de laquelle le rapport a été produit, se réunira demain en session extraordinaire pour en débattre.