Une motion en faveur de la militante sahraouie a été adoptée mardi, à une majorité de 190 voix, appelant à une prise en charge «au plus haut niveau» de sa revendication. Les élus espagnols ont pressé le gouvernement Zapatero de «redoubler tous ses efforts politiques et diplomatiques pour permettre à Mme Haïdar de retourner dans son foyer et rejoindre sa famille», indique le texte. La motion présentée par le groupe socialiste au Parlement (Les Cortes générales), qui constitue l'organe suprême de la représentation du peuple espagnol, a été adoptée à une majorité de 190 voix. 148 députés de l'opposition de droite et membres du Parti populaire se sont abstenus. Elle contient «un message adressé à notre grand voisin marocain pour qu'il ne pousse pas jusqu'à l'extrême la décision injuste et disproportionnée de l'expulsion de Mme Haïdar», a tenu à souligner Elena Valenciano chargée de la politique internationale et de la coopération au sein du Psoe, le parti socialiste ouvrier espagnol. Un message qui sonne comme une mise en garde et qui sera très vraisemblablement commenté et peu apprécié du côté de Rabat. Un rien irrite en ce moment la capitale du Royaume marocain. Il y a à peine une semaine, la diplomatie marocaine avait amèrement apprécié la motion de solidarité votée par le Parlement portugais pour soutenir la militante sahraouie des droits de l'homme. «Le Royaume du Maroc exprime son étonnement et sa déception à la suite de l'adoption, récente, par le Parlement portugais d'une motion inamicale au sujet de la dénommée Aminatou Haïdar», avait fait savoir dans un communiqué rendu public le 8 décembre 2009, le ministère marocain des Affaires étrangères et de la Communication. Il faut rappeler que la commission de coopération pour le développement du Sénat espagnol, avait dans une déclaration soutenue par la majorité des groupes parlementaires, appelé le gouvernement marocain au début du mois de décembre à agir pour «la restitution du passeport de Haïdar, afin qu'elle puisse retourner librement chez elle, et de s'engager à garantir la liberté, l'intégrité et les droits de la militante sahraouie». Les événements semblent vouloir se bousculer depuis que le ministre des Affaires étrangères espagnol a exclu l'intervention du monarque espagnol dans cette affaire. Juan Carlos avait été saisi par le président de la Rasd, afin qu'il intervienne en «urgence» auprès de Mohammed VI pour qu'Aminatou Haïdar retrouve les siens à El Aâyoune. «Le Front Polisario valorise les initiatives du gouvernement espagnol pour convaincre les autorités marocaines d'annuler la mesure d'expulsion et de permettre à la militante de regagner son pays.» Dans une conférence de presse qu'il a animée conjointement avec la secrétaire d'Etat américaine, lundi à Washington, le chef de la diplomatie espagnole avait déclaré que «dans ce genre de cas, nous estimons que la responsabilité première incombe au gouvernement et par conséquent une intervention de Sa Majesté n'est pas à l'ordre du jour». Ce qui semble ne pas être tombé dans l'oreille d'un sourd. Aussitôt dit, aussitôt fait. Dès le lendemain, mardi, le Parlement espagnol met le gouvernement Zapatero face à ses responsabilités. Miguel Angel Moratinos est servi! Les empoignades verbales avec son vis-à-vis marocain promettent d'être assez chaudes. Le ministre marocain de la Communication et porte-parole du gouvernement a rejeté jusque-là toute responsabilité de son pays dans cette dramatique histoire. «Le Maroc n'a aucune suite à donner à l'affaire de la dénommée Aminatou Haïdar, dans la mesure où ce problème ne concerne pas le Royaume mais l'Algérie et le Polisario», avait cyniquement déclaré sur les ondes de la radio BBC, qui émet à partir de la capitale du Royaume-Uni, Khalid Naciri. Décidément, le Maroc patauge dans la gadoue.