Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a agité avec force la menace iranienne pour convaincre les pays du Golfe de mettre la pression sur Téhéran et se doter d'un parapluie antimissile évidemment américain. Alors qu'un rapport des renseignements américains affirme que Téhéran a suspendu son programme d'armes nucléaires et que les pays du Golfe eux-mêmes ont déployé le tapis rouge sous les pieds d'Ahmadinejad convié par eux à participer à leur sommet du CCG à Doha. Le rapport des 16 agences de sécurité américaines intervient à un mauvais moment, “il a ennuyé un certain nombre de nos amis et embrouillé nombre de gens”, a admis Gates lors d'un forum organisé par l'Institut international d'études stratégiques (IISS). Cependant, cela ne l'a pas empêché de persister à défendre l'idée que la politique de l'Iran est de fomenter l'instabilité et le chaos et que sa politique étrangère déstabilisatrice est une menace pour les intérêts des Etats-Unis, les intérêts de chaque pays du Moyen-Orient et de tous les pays se trouvant à portée des missiles balistiques développés par l'Iran. La mise en garde s'adresse aux pays du Golfe avec lesquels Washington a des accords de défense mutuelle et où le Pentagone possède de nombreuses bases militaires. Gates a tour à tour accusé Téhéran du financement et l'entraînement de milices en Irak, du déploiement d'armes et de technologie mortelles en Irak et en Afghanistan, du soutien d'organisations terroristes comme le Hezbollah et le Hamas, au Liban et dans les territoires palestiniens, et du développement de missiles balistiques. Bref, à en croire les Etats-Unis, Téhéran serait l'empêcheur de tourner en rond dans le monde. Ces accusations sont toutefois affaiblies par la publication d'un rapport du Renseignement américain, selon lequel l'Iran aurait arrêté en 2003 un programme secret pour fabriquer l'arme nucléaire et serait moins déterminé aujourd'hui à posséder la bombe atomique. L'argumentaire jusqu'ici utilisé par l'administration Bush pour obtenir de nouvelles sanctions contre Téhéran tombe à l'eau. Et malgré cela, le président américain continue d'exiger la poursuite des pressions économiques et diplomatiques. “La communauté internationale devrait demander au gouvernement iranien des explications sur son précédent développement illégal d'armes nucléaires”, a répété Gates à ses interlocuteurs du Golfe, soulignant que les Etats-Unis se refusent pour leur part de dialoguer avec Téhéran. Le chef du Pentagone a par ailleurs vivement encouragé les pays du Golfe à travailler ensemble pour améliorer leur sécurité, en appelant à un effort multilatéral pour développer des systèmes régionaux de défense antimissile, qui fourniraient un parapluie défensif à la région, face à la menace iranienne. Mais Washington peine à convaincre et Gates a d'ailleurs dû répondre à des questions sur la menace que ferait peser Israël, qui disposerait déjà de l'arme atomique, alors que Téhéran n'en serait qu'au stade préparatoire. Bahreïn, allié régional des Etats-Unis, s'est félicité de la proposition du président iranien Mahmoud Ahmadinejad de renforcer la coopération entre l'Iran et ses voisins arabes du Golfe. D. B.