Après huit séances consécutives de baisse, le «Light Sweet Crude» clôt la semaine à 69,87 dollars. C'est pourtant pratiquement sans surprise que les cours de l'or noir sont repassés en dessous de la barre symbolique des 70 dollars, vendredi, en fin de séance à New York. Le baril de «Light Sweet Crude» en avait déjà fait le test jeudi. Ce petit plongeon au-dessous du seuil des 70 dollars aura cependant été très bref. Il faut toutefois signaler qu'il n'avait pas retrouvé pareil niveau depuis le8 octobre 2009. Soit plus de deux mois. Les prix du brut, qui ont évolué depuis plusieurs semaines dans une fourchette comprise entre 75 et 80 dollars, ont fini par s'écrouler dans le sillage du raffermissement du dollar par rapport à la monnaie unique européenne. Moins de 1,46 dollar pour un euro. Sur les huit dernières séances de cotation, les cours de l'or noir ont cédé pas moins de 8,50 dollars. Ce qui représente une baisse de près de 11%. 10,80% très exactement. L'embellie des prix du pétrole demeure étroitement liée à la faiblesse du billet vert et reste par ailleurs très sensible au rapport hebdomadaire du Doe, le département américain de l'Energie, qui renseigne tous les mercredis sur l'état des stocks américains de produits pétroliers. Les chiffres rendus publics le 9 décembre, font état d'une hausse importante des réserves pétrolières aux Etats-Unis. 2,2 millions de barils pour l'essence. 1,6 million de barils pour les distillats. Ces derniers se situent à un niveau jugé extrêmement bas. Ils ont régressé de 8,3% en une année. Ces statistiques auraient donc suffi à faire plonger de quelques cents, pour la huitième fois consécutive, les prix du brut, pour enregistrer une perte globale de près de 9 dollars. Les besoins de l'économie américaine sont estimés à près de 20 millions de barils par jour. Sa demande est cependant en baisse et à son plus bas niveau depuis une dizaine d'années. Elle se situe actuellement autour des 18,5 millions. Soit un recul de 563.000 barils par jour par rapport à 2008. La baisse de la demande aurait ainsi accusé une baisse de 3% par rapport à l'année dernière. La crise financière internationale étant passée par là, celle-ci continue encore à retarder la relance de la machine économique mondiale malgré les signes annonciateurs d'une prochaine fin de la récession. Les doutes persistent et ne sont pas de bon augure pour la conjoncture du marché pétrolier. «Il n'y a vraiment aucune preuve qu'une reprise vigoureuse et pérenne soit en chemin», a fait remarquer Mike Fitzpatrick de chez MF Global. Même les prévisions de l'AIE, qui ont revu à la hausse la demande mondiale de pétrole pour 2009 et 2010, n'ont pas été suffisantes pour enrayer le sérieux effritement que vient de subir le prix du baril. L'Agence internationale de l'énergie a estimé la baisse de la demande pour l'année en cours à 1,6% au lieu de 1,7% précédemment annoncé. Cette dernière devrait par contre connaître une hausse de 1,7% en 2010 au lieu de 1,6%. Les pays émergents, à l'instar de l'Inde et de la Chine, seraient à l'origine de ce léger mieux. La production industrielle chinoise a fait un bond de 19,2% au mois de novembre. Une progression de 3,2% par rapport au mois d'octobre. Toutes ces bonnes nouvelles ont été annihilées par une devise américaine revigorée qui a fait forte pression sur les prix de l'or noir. «Le renforcement du dollar a été le facteur majeur (de la chute des cours cette semaine), mais les prises de bénéfices de fin d'année, la prudence et les doutes liés à la reprise ont aussi joué», a expliqué l'analyste de chez PVM, David Hufton. Un scénario qui risque de remettre en cause les propos, certainement trop optimistes, du ministre saoudien du Pétrole. «Les stocks baissent, le prix (du pétrole) est parfait, tout le monde, investisseurs, consommateurs, producteurs, est content», avait déclaré, il y a une semaine au Caire Ali al-Nouaïmi. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole, l'Opep, doit se réunir le 22 décembre à Luanda, en Angola, pour décider du maintien ou de la réduction de sa production.