Rocambolesque histoire que ces festivals «raïmen» qui se chevauchent Finalement, le rideau est tombé sur le festival de raï organisé par le commissariat du 11e centenaire avec l'Acvo pour casser l'Apico, traditionnel «parrain» de cette manifestation. Précédé par une tapageuse publicité, le festival n'a été finalement qu'un attrape-nigauds, boudé par la majorité des artistes annoncés à grand cri. L'organisateur a promis de l'animation, du rythme et une ambiance d'enfer, mais il n'en fut rien puisque, mis à part les soirées du théâtre de Verdure, Oran revient à son hibernation et pas le moindre son n'est sorti de la scène du théâtre de Trouville comme annoncé par les spots télévisés. Les vedettes annoncées n'ont pas répondu à l'appel, hormis Hakim Belbeche, Cheba Amina et cheb Khalas, les gars de l'Est qui sont venus pour séduire le public sans réussir leur entreprise à cause du manque d'organisation qui a marqué la dernière soirée. Pour pallier les nombreuses défections, les organisateurs ont puisé dans la «foultitude» d'amateurs qui n'arrivent même pas à passer dans les cabarets de la corniche. Certes, il y eut Abdou (qui a préféré, pour le show final, l'hôtel Sheraton), Houari Dauphin, Nani, Djenet, Zahouania ou encore Anouar, mais ils n'ont pas réussi à enflammer le public habitué à leur répertoire musical, devenu avec le temps une morne litanie. Le commissariat du 11e centenaire a mobilisé une enveloppe de 2 milliards de centimes pour réussir ce festival, mais au lieu de succès c'est la montagne qui a accouché d'une souris. Les jeunes ont improvisé la farandole sous le regard perçant d'un service d'ordre, zélé recruté par les organisateurs. Plusieurs citoyens trouvent déplacé le terme de festival à une manifestation où les chanteurs n'ont fait que s'égosiller. «Traditionnellement la tenue de festival désigne une manifestation qui comprend plusieurs volets? On a placé cette série de galas sous le thème de la chanson oranaise, mais on a omis d'en parler. Il n'y eut aucune conférence ou séminaire sur le sujet, c'est quand même aberrant», dira un observateur de la scène raï à Oran. L'événement a pourtant bénéficié d'une bonne couverture médiatique, mais les organisateurs n'ont rien fait pour profiter de l'aubaine et lancer un véritable débat sur la chanson oranaise. Le rideau est finalement tombé sur le festival de la chanson oranaise, un festival organisé pour «briser» les reins de l'Apico. En guise de feux d'artifice nous n'eûmes droit qu'à un pétard mouillé. Exit, le festival de raï, bonjour le festival bis sommes-nous tentés de dire tant nous sommes tombés ici à Oran dans le ridicule qui, heureusement, ne tue pas. Des feux se sont éteints d'autres se sont allumés hier pour annoncer l'ouverture d'un autre festival avec presque les mêmes chanteurs qui chanteront presque le même répertoire et vogue la galère.