En complément à ses consultations avec les partis politiques sur les prochaines élections, le Président a engagé d'autres mesures d'apaisement. Le Président de la République M.Abdelaziz Bouteflika, vient de décider la libération de tous les détenus condamnés dans le cadre de manifestations et autres émeutes qui ont eu lieu ces derniers mois en Kabylie et un peu partout sur le territoire national. Dans le communiqué de la présidence de la République rendu public avant-hier soir, il est mentionné que le chef de l'Etat «a pris des mesures de grâce au profit de toutes les personnes condamnées dans le cadre de manifestations portant atteinte à l'ordre public sur l'ensemble du territoire national». De l'avis des observateurs de la scène politique algérienne, cette initiative présidentielle était prévisible, voire attendue au lendemain de la décision du parti d'Aït Ahmed, le FFS, de participer aux prochaines élections locales du 10 octobre à condition que le Président de la République prenne des mesures d'apaisement de ce genre pour assurer un climat serein au déroulement du prochain scrutin. D'ailleurs, cette formation politique n'a pas hésité, immédiatement après, à renouer publiquement le contact et le dialogue avec la présidence, puisque, à l'instar des responsables des autres partis qui vont participer aux joutes électorales de l'automne prochain, le premier secrétaire national du FFS, M.Ahmed Djeddaï, a été reçu par le chef de l'Etat. Dans le même temps, et outre ce significatif rapprochement FFS-Pouvoir qui a toutes les apparences d'un deal entre les deux parties, fruit de laborieuses négociations avec pour objet la question des détenus de la crise de Kabylie, le communiqué de la présidence précise que «ces mesures (de grâce) ont été prises par le Président de la République, dans le cadre de la poursuite de ses efforts de rétablissement de la concorde civile, et ce, conformément à ses prérogatives constitutionnelles et dans le but de ramener le calme et la paix dans les coeurs et les esprits». Il faut rappeler, à ce propos, que c'est la deuxième fois cette année, que le chef de l'Etat prend ce genre de mesure au profit de détenus. En effet, à la fin du mois de mai dernier, près d'une trentaine d'étudiants de l'université de Bouzaréah arrêtés pour avoir chahuté son cortège, avaient bénéficié de cette magnanimité présidentielle afin de leur permettre de ne pas rater leurs examens. Mais il est d'ores et déjà acquis que le geste présidentiel procède d'une stratégie visant à garantir les meilleures conditions à la prochaine consultation électorale. Le communiqué d'El-Mouradia rappelle que le Président de la République, qui attache le plus grand prix à ce que les prochaines élections se déroulent dans les meilleures conditions possibles, «est soucieux de tout mettre en oeuvre pour ramener la paix sociale dans toutes les régions du pays qui doivent assurer leur avenir à travers le choix de leurs représentants communaux ou de wilayas». En d'autres termes, il s'agit de préparer sereinement ce rendez-vous électoral crucial pour la stabilité politique et institutionnelle du pays. Et, dans cette optique, le document de la présidence n'y est pas allé par quatre chemins pour noter qu'«il est essentiel que les échéances électorales prévues par les lois de la République soient strictement respectées pour mettre fin à une situation transitoire qui se prolonge indûment et renferme en elle-même bien des sources de malentendus et de désaccords». Maintenant que ces équivoques sont levées, il reste à savoir ce que sera la réaction du mouvement des ârchs. Saisira-t-il au vol cette opportunité pour trouver avec ses vis-à-vis du pouvoir une solution à la crise qui ronge la Kabylie depuis plus d'une année ou continuera-t-il dans son jusqu'au-boutisme sans perspectives.