L'audience la plus remarquée fut celle accordée par le Président de la République au premier secrétaire national du FFS. Quelles seront les conséquences d'une probable participation du FFS aux prochaines élections locales du 10 octobre prochain sur le champ politique national et donc sur le reste de la classe politique? Dès à présent, il semble que les choses sérieuses ont commencé tant pour les partis politiques que pour les pouvoirs publics afin de préparer sereinement ce rendez-vous électoral crucial pour la stabilité politique et institutionnelle du pays. Le Président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika a entamé, hier, ses contacts et ses consultations avec les partis politiques autour de la préparation de ce scrutin. Le chef de l'Etat a reçu dans ce cadre, les secrétaires généraux du FLN et du RND, le président du mouvement El Islah et les représentants du groupe des indépendants à l'APN. Mais l'audience la plus remarquée fut celle accordée au premier secrétaire national du FFS, M.Ahmed Djeddaï, dans la mesure où jusqu'ici, ce parti avait refusé d'avoir des contacts avec le pouvoir avant le dénouement de la crise en Kabylie. Certes, ce planning des rencontres partis-présidence était programmé depuis longtemps, mais il participe aussi d'une manière ou d'une autre, à accompagner les partis qui le veulent à entrevoir la prochaine consultation électorale avec sérénité . Nul doute que conjuguées à l'annonce officielle, avant-hier, de la participation conditionnée du FFS à ce scrutin, ces nouvelles donnes de la scène politique nationale vont se traduire par une décantation, du moins par une détente du climat délétère observé depuis des mois sur la scène algérienne et notamment lors des législatives de mai dernier boycottées par nombre de formations politiques. D'ores et déjà, il semble, au vu des échos qui parviennent de Kabylie, que la décision du FFS de prendre part aux prochaines joutes électorales de l'automne prochain - même si elle est encore conditionnée à la réunion d'un certain nombre de préalables et de mesures d'apaisement à prendre par le pouvoir - s'est traduite par une véritable onde de choc dans les rangs des courants politiques et sociaux qui traversent la région. Pour d'aucuns, au cas où cette participation deviendrait effective, elle va transformer, sinon bouleverser tous les clivages politiques régionaux apparus au lendemain de l'irruption sur la scène locale et nationale de la donne ârchs. Celle-ci avait contribué à fausser les rapports de force politiques tant au niveau local que sur l'échiquier national, notamment au sein de l'APN où le FFS et son rival le RCD sont absents, ayant boycotté les dernières législatives par solidarité avec le mouvement des ârchs. Autrement dit, l'initiative du FFS pousse, dès à présent, l'autre parti politique important de la région dans une situation des plus intenables: réagir ou se trouver de facto en position de hors-jeu politique. Car, et cela va de soi, l'entrée du parti d'Aït Ahmed dans l'arène électorale va se traduire inéluctablement par une future modification de la carte politique du pays dans la mesure où des partis, qui sont encore réticents à participer à l'échafaudage électoral du pouvoir comme moyen de sortie de la crise qui ronge le pays depuis longtemps, pourraient être tentés de suivre l'exemple du FFS afin de revenir sur le devant de la scène à la faveur de ces élections. Des partis comme l'ANR de Rédha Malek ou le MDS de Hachemi Chérif seraient alors complètement dépassés s'ils ne mesuraient pas, à leur juste proportion, ces accélérations de l'évolution de la politique nationale. Reste la question des ârchs, cette structure horizontale hermétique à tout dialogue avec le pouvoir qui se trouve désormais dénuée de tout rôle politique du moment que les pouvoirs publics semblent avoir négocié directement avec le FFS la question des détenus de la Kabylie et les mesures d'apaisement à même d'assurer un bon déroulement des élections locales. Alors, pour une fois, les élections seront-elles vraiment ce moyen dépassionné par lequel s'opère l'alternance des personnels et des programmes politiques?