Le patron du groupe de scientifiques sur le changement climatique a estimé hier que l'accord arraché à Copenhague était un début mais a exhorté les pays à sceller le plus vite possible un traité qui les engagera légalement. Rajendra Pachauri, président du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec), a décrit le texte obtenu in extremis samedi à Copenhague après deux semaines de négociations frénétiques comme «un accord qui n'aura vraiment pas le dernier mot» en matière de lutte contre le réchauffement climatique. «Nous devrons nous assurer qu'il se transforme rapidement en accord légalement contraignant et je pense donc que la tâche de la communauté internationale reste immense», a souligné sur la chaîne Ndtv le scientifique indien, dont l'organisme vise à éclairer la décision politique en matière de lutte contre le changement climatique. «Dans les semaines et les mois qui viennent, nous allons devoir travailler très dur afin qu'à la fin 2010, ou plus tôt, nous parvenions à un accord contraignant qui débouche sur des actions allant vraiment dans la direction voulue». L'accord de Copenhague a été obtenu à la dernière minute par un groupe de dirigeants de pays riches et émergents (Etats-Unis, Chine, Inde, Brésil, Afrique du Sud et principaux pays européens) dès lors qu'il était évident qu'un «protocole de Copenhague» n'était plus à portée de mains et le sommet menacé d'échec. Le texte ne répond ni aux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre des pays industrialisés recommandés par la science (de -25 à -40% en 2020 par rapport à 1990), ni aux objectifs de long terme pour l'ensemble de la planète (-50% en 2050). Et surtout, il omet de fixer un calendrier jusqu'à la conclusion d'un traité contraignant. La prochaine conférence climat est prévue fin novembre à Mexico mais le président mexicain Felipe Calderon a accepté, selon M.Pachauri, la proposition de l'ancien vice-président américain et prix Nobel de la paix Al Gore d'y organiser un sommet dès la mi-2010. «Je ne suis pas bien sûr que la conférence des parties (les pays) accepte d'avancer autant» la date de leur sommet, a-t-il relevé. Cependant, des sessions pourraient être organisées «afin d'être certain de s'approcher le plus possible d'un traité contraignant vers le milieu de l'année», a estimé Rajendra Pachauri.