Se disant tous deux avoir une portée nationale, le FFS et les ârchs se dirigent vers un bras de fer à la veille des prochaines élections locales. Au moment où le FFS annonce publiquement sa participation aux joutes du 10 octobre prochain, voilà que lez ârchs, à travers les coordinations en conclave, hier, à Bou Hinoun écartent officiellement toute participation aux communales. Hier encore, le plus vieux parti d'opposition, le FFS tournait le dos aux législatives. D'aucuns pourraient l'accuser de faire maintenant le jeu du pouvoir, en s'inscrivant en porte-à-faux du mot d'ordre de résistance citoyenne lancé à la veille des législatives précédentes. Or, le FFS, qui a, par ailleurs, nombre de militants au sein du mouvement citoyen, dénie toute volte-face. Estimant que ce qui a plutôt changé ce sont la nature et les enjeux de ces élections. Car pour le parti d'Aït Ahmed, la Kabylie sans élus locaux serait tout simplement orpheline. Puisqu'il juge que la main froide et distante d'un député ne pourrait jamais remplacer celle amicale et chaleureuse du voisin, l'élu local, seul à même de satisfaire les besoins fondamentaux de la population. D'autant plus que les locales permettront au FFS de consolider ses espaces, de servir la commune déjà acquise pour ne point les remettre entre «les mains du pouvoir et de ses relais». Or, au plus fort de ses contacts avec la présidence de la République, le FFS a souvent été montré comme le maître d'oeuvre de la libération des détenus du mouvement citoyen. Ce que lui contestent maintenant, en des termes à peine voilés, les animateurs de ce dernier qui croient que c'est plutôt là le résultat «de la pression de la rue». Ces ex-détenus qui viennent justement de prendre part au conclave de Bou Hinoun, dans la commune de Tizi Ouzou. Cette rencontre annonce, en effet, l'amorce d'un nouveau virage, qui, s'il est susceptible de donner un nouveau souffle aux mouvements né du printemps noir, peut en même temps être un tremplin au plus vieux parti d'opposition. Rodé qu'il est aux arcanes de la politique, le FFS est, en vérité, bien supérieur aux ârchs en matière d'expérience. Il est rompu aux mécanismes du combat politique depuis 1963 alors que les ârchs n'ont à peine que deux ans d'âge. C'est dire la longueur d'avance et la taille potentielle de l'enjeu politique en cette veille du 10 octobre. Pour revenir à ce virage qui se dessine, force est de reconnaître que le parti rival, le RCD, y paraît bien chancelant. Mais vu l'enchaînement des événements à la veille du prochain rendez-vous électoral et face aux initiatives du FFS, les ârchs donnent plus l'impression de réagir que de faire de la vraie action politique. Quant au FFS à travers une logique, somme toute légitime, il semble dire: «Autres temps, autres moeurs». Sa mission future sera certainement celle de la vigilance citoyenne et de la prévention des dérapages. Mais de quoi sera fait l'après-10 octobre?