Le deuxième quinquennat successif de M.Tandja devait expirer le 22 décembre, mais il a été prolongé par l'adoption d'une nouvelle Constitution en août lors d'un référendum très contesté et boycotté par l'opposition. Après avoir rompu les négociations avec l'opposition, le pouvoir nigérien a finalement affiché mercredi sa «volonté de dialogue», soumis à une pression internationale croissante, notamment celle de Washington qui a réclamé le départ du président Mamadou Tandja. «Le gouvernement réaffirme sa volonté de dialogue franc et réaliste et réitère son soutien à la médiation en cours», a déclaré dans la soirée de mercredi le porte-parole du gouvernement, Kassoum Moctar, à la télévision d'Etat. Dans l'après-midi pourtant, le camp présidentiel avait annoncé qu'il suspendait sa participation au dialogue avec l'opposition, accusant la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), médiatrice, de ne pas reconnaître la légitimité du président Tandja. Mardi, l'organisation régionale (15 membres) avait indiqué avoir «pris acte» de la «fin légale du mandat du président» nigérien. Le deuxième quinquennat successif de M.Tandja devait expirer le 22 décembre mais il a été prolongé par l'adoption d'une nouvelle Constitution en août lors d'un référendum très contesté et boycotté par l'opposition. M.Tandja avait dissous auparavant le Parlement et la Cour constitutionnelle. Le refus de M.Tandja de se retirer après dix années au pouvoir a plongé le pays sahélien dans une crise politique. Critiques et appels au retour à l'ordre constitutionnel se sont multipliés. Et la pression s'accroît. Mercredi, le président américain Barack Obama a supprimé le Niger de la liste des pays africains pouvant bénéficier d'un partenariat commercial privilégié avec les Etats-Unis, a annoncé la Maison-Blanche. Les Etats-Unis ont aussi demandé le départ du président Tandja et fait part de leur intention de suspendre leur aide au Niger. Washington estime que M.Tandja «doit renoncer pacifiquement au pouvoir et permettre qu'aient lieu des élections transparentes», a déclaré un responsable au département d'Etat, sous couvert d'anonymat. «Puisque nous ne voyons pas assez de progrès sur place, nous allons interdire les voyages aux Etats-Unis des personnes qui soutiennent Tandja et nous allons suspendre notre assistance au Niger», a-t-elle ajouté. L'aide américaine s'est élevée à environ 27 millions de dollars en 2009. Déjà, l'Union européenne (UE) avait suspendu son aide au développement (458 millions d'euros pour la période 2008-2013) en novembre, après la tenue d'élections législatives organisées par Niamey en dépit, là encore, de nombreuses protestations et appels à un report. Après ce scrutin, l'UE avait demandé à Niamey l'ouverture de «consultations» en vue d'un retour à «l'ordre constitutionnel» et la Cédéao avait suspendu le Niger de son organisation. M.Tandja, dont le bilan politique et économique était salué, a semblé jusqu'à présent sourd aux menaces et sanctions. Dans une allocution télévisée dimanche, il a vivement critiqué la Cédéao, s'interrogeant même sur l'intérêt d'en rester membre. «Les pays ne sont pas obligés d'être membres de la Cédeao, ils y entrent volontairement», a répliqué mercredi le directeur des Affaires politiques de l'organisation, Abdul-Fatau Moussa, à la radio privée nigérienne Anfani. Le Niger, très pauvre, est le troisième producteur mondial d'uranium. Le pays abrite notamment Imouraren, la mine d'uranium la plus importante d'Afrique et la deuxième du monde, dont le groupe nucléaire français Areva a obtenu le permis d'exploitation.