Les Européens lorgnent toujours l'Algérie et le sud de la Méditerranée pour implanter leurs investissements, comme le confirment les recherches des instituts d'étude. Une nouvelle étude de l'Institut de prospective économique du monde méditerranéen fait ressortir l'intérêt que portent les sociétés européennes à l'investissement dans les pays du sud de la Méditerranée pour fuir les effets de la crise. Conscients des retombées qu'ils peuvent tirer de la manne des investissements européens, les Etats du Sud méditerranéen ont commencé à réformer l'environnement des affaires. Toutefois, ce n'est pas l'Algérie qui remporte la palme d'or dans ce domaine. L'étude rappelle que le rapport de la Banque mondiale intitulé Doing Business 2009 avance le fait que presque tous les pays méditerranéens ont amélioré leur classement en termes d'environnement propice au business. Le même rapport avait promu en 2008 l'Egypte, locomotive économique du Machrek, meilleur pays réformateur au monde. Les pays du Sud ont aussi veillé à la stabilisation des conditions macroéconomiques. Pour attirer davantage d'investissements, les pays ont aussi amélioré l'état de leurs infrastructures. La tendance qui se dégage est celle visant à rassurer les investisseurs internationaux. La mise en place de plans de développement industriel et économique en collaboration avec de grandes sociétés et des organismes internationaux ainsi que l'identification des secteurs prioritaires de développement dessinent une feuille de route claire et rassurante pour les acteurs économiques mondiaux, souligne l'étude. Ce ne sont pas ces projets qui manquent en Algérie et le fait de dégager plus de 150 milliards de dollars pour les cinq prochaines années est un atout non négligeable pour attirer les investisseurs. Cependant, en leur absence, le pays peut même conduire ses projets par ses moyens propres. Les banques enregistrent déjà 5 milliards de dollars de surliquidité et elles cherchent des projets à financer. Cela n'empêche pas les entreprises européennes de considérer qu'un climat favorable aux investissements et la stabilité politico-économique du pays d'accueil sont parmi les facteurs essentiels à la réalisation de leurs projets. Néanmoins, des évolutions restent nécessaires, notamment l'amélioration et la stabilisation du cadre législatif. Au-delà des facteurs liés directement à la politique des Etats, la réussite d'implantation d'entreprises s'appuie sur des avantages solides, communs à différents secteurs (industrie manufacturière, services). Il s'agit du coût du travail, plus faible qu'en Europe et relativement stable, ce qui constitue un élément important. Il n'a toutefois de valeur que parce qu'il se retrouve couplé à d'autres facteurs. En effet, si l'on considérait uniquement le coût comme facteur d'implantation, les destinations asiatiques seraient bien plus avantagées. Il y a aussi des employés qualifiés (ouvriers, techniciens, ingénieurs ou diplômés qualifiés), souvent rares en Europe, qui sont essentiels pour les entreprises s'implantant dans les pays du Sud. Dans l'industrie, leur présence est importante pour gérer des processus de production complexes, assurer un haut niveau de qualité ou atteindre des productivités comparables, voire supérieures à celles de l'Europe. Dans les services, leur recrutement permet d'atteindre rapidement de bons niveaux de qualité. Dans la conception, le design et la recherche et développement, elles constituent la raison principale des implantations. La formation des jeunes ingénieurs et techniciens est favorisée par la capacité des entreprises à développer d'étroites collaborations avec les universités et les centres de formation, selon l'étude. Dans les services, la proximité des fuseaux horaires facilite la réactivité face aux demandes des clients et les interactions entre les équipes internes. Une certaine proximité culturelle, notamment une communauté de langue, facilite les interactions internes entre les équipes du Sud et du Nord ou pour servir un client. Le multilinguisme, développé dans l'ensemble de la région du Sud, constitue un avantage dans l'industrie comme dans les services. L'étude identifie d'autres atouts. C'est le cas pour la présence d'une industrie intermédiaire fiable et performante constituée par des acteurs locaux comme internationaux. Cela facilite la mise en place d'usines intégrées et plus compétitives. L'Algérie est l'un des pays qui veulent s'engager sur cette voie, notamment pour le montage ou la fabrication de véhicules. En 2008, l'Algérie a reçu 2 milliards de dollars d'investissements étrangers.