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Union pour la Méditerranée : contenir le Sud ou s'ouvrir à lui ?
Point de vue
Publié dans El Watan le 13 - 07 - 2008

Qui, en Méditerranée, et plus encore sur sa rive sud, pourrait ne pas souhaiter un rapprochement entre ses deux rives ? L'arrimage de celles-ci pourrait devenir l'évènement le plus important depuis les indépendances. La phase est, en effet, aujourd'hui, à l'interdépendance négociée comme voie nouvelle et obligée de promotion des intérêts nationaux. Une interdépendance qui pourrait aider et contraindre des pays (à l'image du Maroc et de l'Algérie) à transcender leurs conflits et pousser encore plus leurs dirigeants sur la voie des réformes et renforcer ceux d'entre eux qui y sont le plus perméables. Mais l'union pour la Méditerranée risque de reproduire la déception de Barcelone en la creusant. Au-delà du flou qui continue à entourer le projet, il reste marqué du péché originel du lieu de son annonce : le discours de Toulon.
Ce discours, matrice du projet, est aussi le plus musclé du candidat à destination de la frange la plus extrémiste de son électorat. Il a balisé l'annonce du projet par des déclarations hantées par l'obsession de contenir le Sud plutôt que s'ouvrir à lui. C'est dans ce discours qu'il a développé une réhabilitation de la colonisation qui « ne fut pas tant un rêve de conquête qu'un rêve de civilisation » et réduit la demande de reconnaissance de ses crimes à une « repentance » qu'il a bien sûr écartée. Comment envisager des rapports apaisés avec la rive sud dont quasiment tous les pays ont été colonisés et le plus souvent par la France ? C'est dans le même discours qu'allant à l'encontre des décisions de l'Union européenne, il a définitivement fermé les portes de cette dernière à la Turquie pour lui offrir l'adhésion à l'Union méditerranéenne comme un succédané à son exclusion. Comment ne pas en conclure que la conception de la Méditerranée est celle d'une banlieue de l'Europe dont la gestion est livrée à un partenariat inégal, que cette union ne peut être qu'un sous-produit du projet européen et que les frontières de l'Europe se définissent de plus en plus sur une base confessionnelle qui ne peut que raviver les crispations en Méditerranée ?
Mais c'est surtout dans ce discours que l'inversion des priorités, par rapport aux déclarations d'intention de Barcelone, a été opérée : la question migratoire devenait première et se substituait au développement, alors que la question de la convergence sur les droits humains était complètement évacuée marquant un recul grave par rapport au processus de Barcelone que le projet se proposait pourtant de dépasser. L'intérêt de ce processus était d'avoir fait le lien entre développement économique, lutte contre la pauvreté et sécurité de l'Europe, reprenant une vieille revendication des pays du Sud, selon laquelle il n'y a pas de sécurité sans développement. Son échec tient à ce qu'il ne s'est pas donné les moyens de cette ambition et qui explique l'échec de tout le processus et l'amertume des pays du Sud : l'UE y a investi 30 fois moins par tête d'habitant que dans les pays de l'Est de l'Europe. Et malgré le consensus sur le constat de l'importance de ce décalage et de ses effets négatifs, il se perpétue : tous les pays méditerranéens réunis vont recevoir, dans les 5 ans qui vont venir, 6 fois moins que la seule Pologne (60 milliards d'euros contre 11 dont la moitié sous forme de dettes).
Cette situation n'est pas seulement préjudiciable à la rive sud. Elle l'est tout autant pour l'Europe qui perd 0.3 point de PIB chaque année, alors que la France en perd le double. C'est aussi la région qui connaît, et de loin, le plus bas niveau d'intégration. Alors que l'Europe échange et investit peu dans ses périphéries Sud où la part de ses investissements directs à l'étranger est inférieure à 1%, les Etats-Unis en consacrent à l'Amérique latine 18% et le Japon consacre le même taux à ses « périphéries » (Chine et dragons du Sud-est asiatique) où il a relocalisé massivement son appareil de production. Résultat : la Méditerranée est aujourd'hui la région où les écarts nord/sud sont les plus importants, mais aussi la seule région où ces écarts s'accroissent. C'est là que se situe la seule et véritable opposition entre les deux rives et non pas dans une prétendue fracture culturelle que d'aucuns voudraient essentialiser et « naturaliser ». Au contraire, proximité géographique et historique ont produit une exceptionnelle proximité culturelle et humaine et une interpénétration entre les sociétés des deux rives d'une rare densité et plus forte qu'entre beaucoup de sociétés européennes. C'est ce tissu humain particulièrement dense que les politiques migratoires, au lieu de valoriser, malmènent, hypothéquant le développement de chacune des deux rives. En faisant de la question du contrôle de l'immigration le premier pilier légitimant sa nécessité, le projet d'Union méditerranéenne creuse encore plus le divorce consacré par le processus de Barcelone entre espace économique et espace humain et qui fut la raison de son échec.
En réduisant la thématique de la circulation aux formes contraintes aux voies irrégulières qui sont stigmatisées et criminalisées (« l'immigration clandestine »), en refusant de s'interroger sur ses ressorts et ses mobiles et en la dramatisant (« une catastrophe » ainsi que l'a qualifiée le candidat dans son discours), en persistant à solliciter les pays méditerranéens comme auxiliaires de politique antimigratoire, le projet évacue la question humaine en l'inversant en problème et élude le besoin premier, celui de gérer la Méditerranée comme un espace humain commun, comme le fut l'Europe. Or, la fuite en avant dans une fermeture toujours plus grande des frontières continue à creuser ses effets pervers. Elle a transformé la nature des migrations les poussant plus vers l'installation que la circulation, elle a suscité et dopé les migrations irrégulières, repoussé les frontières migratoires et décuplé la dangerosité des itinéraires migratoires et le nombre de morts. Mais elle a surtout ferré l'opinion publique et les politiques eux-mêmes en faisant de la question des mobilités un sujet tabou qui rend malaisée l'inversion du discours aujourd'hui que l'immigration revient comme une nécessité dans les propos et analyses de scientifiques et responsables politiques, qui butent sur le conditionnement de l'opinion publique par une perception du phénomène migratoire en termes d'invasion fantasmée. Et avant même que l'union soit scellée, elle hérite d'un enfant illégitime : « La directive retour » rebaptisée par les opinions « directive de la honte » qui humilie citoyens et dirigeants du Sud, en criminalisant plus que jamais la mobilité des premiers et en contraignant les deuxièmes à être les geôliers de leurs citoyens assignés à un interdit de mobilité.
L'auteur est : Maître de conférences à l'université de Provence / enseignant-chercheur CNRS-IREMAM (Institut de recherche et d'études sur le monde arabe et musulman), Aix-en-Provence


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