L'approvisionnement des pays de l'UE en gaz naturel sera parmi les points discutés entre MM.Bouteflika et Zapatero. Alger et Madrid se concertent. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, se rendra aujourd'hui en Espagne pour une visite officielle de deux jours. Ce déplacement intervient dans un climat quelque peu tendu mais il prend l'allure d'un événement capital. Cette visite s'inscrit dans le cadre du Traité d'amitié et de bon voisinage et de coopération signé en 2002 entre les deux pays. Des dossiers extrêmement sensibles seront au menu de ce voyage. L'énergie, l'émigration clandestine, la libre circulation des personnes, le terrorisme et le Sahara occidental figurent au programme. Autant de sujets à même de constituer l'épine dorsale de cette rencontre qualifiée d'importante. Ainsi, le Président Abdelaziz Bouteflika et le Premier ministre espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, prendront le soin d'examiner toutes les questions, y compris celles qui fâchent. Le président sera accompagné par une importante délégation ministérielle. Les ministres en charge des départements de l'Energie, de l'Intérieur et de la Justice seront du voyage. Le président de la République et son hôte, vont approfondir leurs discussions sur les sujets d'actualité. Sur le volet énergétique, les deux responsables auront beaucoup de choses à se dire. La commercialisation du gaz et de l'électricité en Espagne ainsi que le contrat avec Repsol seront parmi les dossiers abordés. Deux points essentiels qui devraient être au centre du partenariat entre les deux pays. Nul n'ignore, en effet, que la résiliation du contrat gazier avec Repsol par la Sonatrach a été vivement contesté par Madrid. Le projet Medgaz qui sera lancé durant ce premier trimestre, sera également au coeur des discussions. Les deux responsables vont affiner les dernières négociations concernant les modalités de commercialisation avant la mise en oeuvre du gazoduc qui reliera la ville de Béni Saf à Almeria. D'un coût global estimé à 900 millions d'euros, ce gazoduc a une capacité initiale de 8 milliards de mètres cubes/an, extensible par la suite à 16 milliards de mètres cubes/an. Ce projet vise à augmenter les exportations gazières algériennes, à sécuriser l'approvisionnement de l'Europe en gaz naturel et à satisfaire l'accroissement de la demande européenne en gaz. L'Algérie veut tirer profit de ce projet en commercialisant le gaz au prix qui l'arrange. Idem pour l'électricité. L'Algérie est prête à exporter de l'électricité à condition que la transaction soit rentable. Le P-DG de la Sonelgaz, Nouredine Bouterfa, l'avait déclaré publiquement avant- hier. Ce n'est pas tout. L'Algérie refuse d'approvisionner l'Europe sans contrepartie. Le ministre de l'Energie et des Mines avait déclaré récemment qu'il n'y aura pas d'accords stratégiques sur le gaz sans condition. En contrepartie du gaz, l'Algérie exige la libre circulation des personnes. La visite en Espagne, pays qui préside actuellement l'Union européenne, sera l'occasion pour le président de la République de réitérer les positions de l'Algérie. Le chef de l'Etat va certainement interpeller son hôte sur cette question qui asphyxie les rapports entre l'Union européenne et l'Algérie. Cette question va ouvrir le débat sur le grand sujet qui embarrasse tant de pays en Méditerranée, à savoir l'immigration clandestine. Les deux officiels vont tenter de parvenir à un accord sur le rapatriement des ressortissants et trouver une solution pour réduire ce phénomène. Sur le plan international, la question du Sahara occidental pointe son nez. Alger et Madrid vont tenter de dégager un consensus sur ce problème. La déclaration du président de l'Assemblée nationale, Abdelaziz Ziari, faite à partir d'El Ayoune donne un avant-goût de ce que dira le président de la République. «Le colonialisme dans les territoires sahraouis occupés ne diffère pas du colonialisme français en Algérie», a estimé le président de l'APN, Abdelaziz Ziari, lors d'un discours prononcé dans les camps des réfugiés sahraouis à El Ayoune. La lutte contre le terrorisme, notamment dans la région du Sahel avec les récentes prises d'otages de ressortissants espagnols par Al Qaîda au Maghreb islamique Aqmi, sera également soulevée. Alger tente d'arracher une coopération plus étroite des grandes puissances de l'Europe en matière de lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel. Cette visite permettra ainsi aux deux pays de remettre à plat tous les dossiers qui fâchent et de renforcer le partenariat dans différents domaines.