La rencontre de concertation qui a eu lieu lundi est un signe qui plaide en faveur d'une confrontation politique et pacifique. Le consensus autour du rejet, et même de l'empêchement, du scrutin constaté lors de la dernière consultation électorale n'est plus de mise présentement dans la région de Kabylie. La nouvelle donne induite par la position «conditionnée» du FFS en faveur des élections locales du 10 octobre est à l'origine de ce chamboulement qui a suscité beaucoup d'inquiétudes et d'appréhensions au sein de l'opinion locale qui, légitimement, redoutait essentiellement les affrontements pouvant se produire entre les citoyens qui voudront voter et ceux qui tenteront de les en empêcher. Les déclarations des uns et des autres au lendemain de l'annonce de sa participation par le FFS et la reconduction du mot d'ordre du rejet des élections par l'interwilayas laissaient présager un avenir des plus sceptiques. L'«empêchement» du scrutin des élections législatives du 30 mai dernier étant toujours en mémoire, les citoyens voyaient mal l'issue des locales et craignaient particulièrement l'aggravation de la déchirure sociale qui se caractériserait par une confrontation physique sur le terrain, non pas entre les citoyens et les services de sécurité comme ce fut le cas aux législatives, mais entre les citoyens d'un même village, du même quartier. Ce climat de suspicion, nourri par les déclarations successives, commence, cependant, à se dissiper peu à peu à la faveur des récentes initiatives qui prennent forme au sein des structures du mouvement citoyen en Kabylie. Ainsi la rencontre de concertation qui a eu lieu lundi est un signe qui plaide en faveur d'une confrontation politique et pacifique. Il en est de même pour ces autres décisions des coordinations communales, à l'image de celle d'Akfadou, qui, à l'issue de sa réunion en début de semaine, a retenu à l'unanimité «le rejet des élections en écartant l'empêchement». Toutes ces initiatives, qui en appellent d'autres, sont à inscrire dans le registre d'une démarche globale allant dans le sens de l'ouverture d'un débat public au sujet des élections ou du moins à une confrontation pacifique. C'est en fait une réponse sage aux souhaits d'une population désabusée et soucieuse des risques de dérapage que pourrait engendrer la reconduction de la même démarche adoptée lors du rejet des élections législatives. La sagesse semble prévaloir d'autant plus que le discours développé en ce moment dénote une prise de conscience de l'ensemble des acteurs intervenant de près ou de loin dans cette précampagne pour les élections locales. Sensibiliser, expliquer, convaincre sont les maîtres mots qui ressortent des propos des protagonistes. Que ce soit chez le FFS ou les ârchs et ceux qui leur apportent un soutien tactique, l'option d'affrontement des arguments, via les débats politiques et publics, semble être privilégiée sur toutes les autres considérations et c'est tant mieux diront beaucoup, car ce sont toutes les traditions démocratiques de la région qui prennent le dessus. Le rejet de toute consultation électorale sans la consultation des parties concernées adopté par le mouvement citoyen, tant que la satisfaction de la plate-forme d'El-Kseur paraissait déjà à l'époque comme une erreur stratégique. Le temps a fini par confirmer cette analyse. Les animateurs du mouvement se sont rendus à l'évidence que rien ne peut se faire sans les partis influents dans la région. Ce qui explique, sans doute, toutes ces initiatives de «concertations électives», il faut le dire, car, outre le FFS, aucune autre formation politique n'est apparemment concernée. Et c'est là encore une fois l'expression de toute la défaillance qui a caractérisé le mouvement en matière de perspectives. Même si cette concertation est tardive, il n'en demeure pas moins qu'elle est porteuse de germes d'espoir quant à un avenir se présentant sous de meilleurs auspices.