Les parents louent les services d'un enseignant pour assurer une bonne formation à leur progéniture. Un véritable business. Le phénomène des cours de soutien s'étend et touche l'ensemble des paliers du cursus scolaire. Cette façon de faire concerne désormais même les élèves inscrits au primaire. L'aventure d'un parent parti s'enquérir des résultats de son enfant de première année primaire est plus que probante. En interpellant l'enseignante quant aux notes faibles de son enfant, la pédagogue invitera le père à payer des cours à son «cancre»! Réservés aux élèves des classes d'examen, il y a quelques années, les cours payants sont exigés par certains enseignants à des parents soucieux de l'avenir de leur progéniture. Devant cet «engouement», des garages sont aménagés en classes pour accueillir les groupes, moyennant une somme oscillant entre 600 et 2500 DA mensuellement par matière. Aucune matière n'échappe à ce phénomène. Habituellement, on dispense des cours de renforcement dans une ou deux disciplines. Désormais, les enfants prennent des cours dans toutes les matières. L'occasion est saisie par certains malintentionnés qui n'hésitent plus à prendre le maximum d'enfants. Cet enseignement qui se devait d'être une remise à niveau ou un renforcement des acquis, est vite devenu un enseignement parallèle avec celui assuré par le ministère de tutelle. Le programme qui y est dispensé ne diffère aucunement de ce que reçoit l'enfant en classe. Pour tenter de montrer l'efficacité de cette activité lucrative, certains enseignants choisissent les candidats. Souvent on prend les bons pour s'enorgueillir en fin d'année d'avoir réalisé des résultats. «Un élève dont les notes oscillent entre 12 et 14 n'a pas besoin de cours pour passer son Bac ou BEM», estime un enseignant qui cumule plus de 27 ans d'ancienneté. A qui incombe la faute, sommes-nous tentés de dire? La responsabilité de la tutelle est entière. La surcharge des classes, dont le nombre moyen est supérieur à 35 et non 27 comme aime l'annoncer le ministère, reste un facteur déterminant dans la dégradation des conditions de travail. Les classes, avec des niveaux disparates et hétérogènes, sont difficiles à maîtriser. Le nombre des élèves fait que l'enseignant ne peut en aucun cas assurer un enseignement individualisé, ou un suivi régulier de l'évolution de l'élève. L'obligation faite à l'enseignant de suivre et de boucler un programme annuel, souvent long, qui ne prend pas en charge les donnes du terrain, est un autre facteur qui gène l'apprenant et son éducateur. L'évolution de la société et l'émergence des différences sociales ont été un facteur favorable à la généralisation des cours payants. Les plus nantis se permettent des enseignants à des prix dopés pour leurs enfants, chez eux. Ces «chouchoutés» ne se donnent aucune peine en classe puisqu'ils ont cette seconde chance que les pauvres n'ont pas. Le ministère qui s'évertue à réformer l'enseignement se doit de se pencher sur une réalité qui nuit à un secteur aussi important que l'éducation. Ce n'est point la couleur d'un tablier qui mettra fin à la ségrégation sociale mais l'égalité des chances de réussite. L'existence d'établissements privés reste une solution aux personnes qui veulent, financièrement, assurer l'avenir de leurs enfants. Cependant, le «trabendo» doit être banni dans nos écoles.