Le président du FCE a prévenu que la poursuite du financement des grands projets par le Trésor risque de peser lourdement sur l'économie nationale. La réflexion autour du «Project Finance», sur lequel se sont penchés hier à Alger (Aurassi), des spécialistes, des consultants, des sponsors et accompagnateurs de sa mise en oeuvre, s'est focalisée sur la formation financière des cadres gestionnaires des grands projets et des mégaprojets structurants. Les intervenants ont, tour à tour, développé les concepts économiques et financiers qui gravitent autour des projets en cours de réalisation. Ces projets, comme on le sait, font partie d'un programme de développement ambitieux dans les énergies fossiles et renouvelables, le traitement de l'eau ou encore les infrastructures routières. Le tourisme, la construction de raffineries comme l'immobilier ne sont pas en reste. Ces secteurs font le lit d'acteurs privés qui font leur «entrée» en apportant des projets d'envergure non négligeables. Le président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), Rédha Hamiani, a souhaité que le financement des projets soit assuré localement par le secteur privé à hauteur de 20, 30, voire 40%. Il a estimé que «le capital privé local doit être associé à la réalisation des projets en inscrivant cette clause dans les cahiers des charges inhérents, au même titre que le transfert technologique qui doit en découler». Souhaitant que la croissance économique constatée doit être «plus endogène par les entreprises locales», il a regretté que celle-ci «soit en fait basée et orientée par les dépenses publiques». Il a en outre, dénoncé les retards enregistrés dans les livraisons promises des mégaprojets, citant le métro d'Alger, l'autoroute Est-Ouest, l'immobilier et les grands ouvrages, arguant que «le développement doit être alimenté par un moteur local». Il n'a pas manqué non plus de relever le déficit cruel de management et appelé à une formation accrue des cadres gestionnaires. Hamiani a, par ailleurs, regretté que «les Italiens aient créé un institut spécialisé dans les connections sous-marines de pipes après le lancement du Galsi (Gazoduc Algérie Sicile Italie) alors que les Algériens continuent à faire appel à des étrangers pour ce faire, trente ans après cette expérience». Mohamed Loukal, directeur général de la Banque extérieure d'Algérie (BEA) a fait une intervention «très technique» comme il l'a qualifiée lui-même. Il a parlé des modes de financement, à hauteur de «70% par les banques et 30% par les actionnaires», de cinq stations de dessalement d'eau de mer, de trois centrales électriques, dont celle hybride de Hassi R'mel et des deux usines d'ammoniaque et d'urée d'Arzew. Il a regretté, pour sa part, l'existence d'un «marché financier insuffisamment défini». Il ressort de cette première journée de travaux que «la réglementation dans le financement doit être revue et facilitée afin d'atteindre les normes "prudentielles" qui sont aujourd'hui limitatives dans les capacités des banques à prendre des risques». Brahim Gacem, représentant de «Dean Academic», installée à Genève, a confié à «L'Expression» que des pourparlers sont en cours pour la création d'une école de formation, aussi bien qualitative que quantitative, qui puisse répondre, dit-il, au déficit «managérial» flagrant. Ce projet, «ambitieux et pragmatique s'appliquera à former quelque 3000 étudiants/an,» souligne Gacem. Donnant une estimation des besoins de l'Algérie, il dira que «30.000 personnes devraient être formées, alors qu'on compte pour l'heure seulement 40.000 cadres compétents en fonction». Le but de cette formation, relève-t-il, est de «les aguerrir à l'engeneering financier». Ce séminaire de deux jours, auquel assiste l'ambassadeur de Suisse à Alger, a été organisé par la Chambre de commerce et d'industrie algéro-suisse (Ccisa) et le Forum international de la finance.