La région a souffert de la proximité de la cimenterie et de ses émanations nocives autant pour l'homme que pour la terre arable. Hamma Bouziane et les espaces qui l'entourent, anciennement appelés Hamma-Plaisance, situés à un jet de pierre de Constantine, ont longtemps constitué le verger de la cité du Vieux Rocher. Région connue pour sa terre fertile, ses fruits et ses légumes savoureux et ses sources d'eau habilement canalisées pour traverser de longues distances à ciel ouvert, Hamma Bouziane se meurt. Les magnifiques vergers existaient déjà bien avant la présence française dans la région, à partir de 1837. Si la réputation de la saveur et de la qualité des fruits dépassait les frontières pour trouver écho en Europe, il en était de même pour les légumes puisque des asperges, courgettes, blettes, radis, carottes et autres cultures maraîchères s'ajoutaient aux beaux fruits «Hammis» qui garnissaient les étals en Occident et s'arrachaient par une clientèle fidélisée autant par la qualité que par la beauté des produits. Ternies par l'invasion du béton et l'inconscience des hommes, la résurrection et la régénération de l'ancienne Hamma-Plaisance repose surtout sur le retour graduel de l'eau de la nappe souterraine qui a «étanché», plus de trois décennies durant, la soif des habitants de la grande métropole voisine, nonobstant l'appel de détresse d'une terre «prioritaire et propriétaire» en quête de cet élément de vie pour ne pas perdre la sienne. «Autrement, les vergers de Constantine glisseront silencieusement et inéluctablement dans les dédales incertains avec, au bout, la désolation et l'inévitable menace de l'invasion du béton» dit avec regret, Nouredine Guerdi, exploitant et responsable à la Coopérative agricole spécialisée en irrigation et drainage. Les eaux du grand barrage de Béni Haroun, qui approvisionnent, depuis peu, les Constantinois, ont été salutaires et viennent à point nommé pour la récupération de ce liquide combien vital pour les cultures maraîchères et fruitières de la plaine de Hamma Bouziane, affirme cet héritier des anciens «paysans» qui exportaient, jadis, les plus belles variétés de légumes et de fruits de saison vers la France et de là, vers plusieurs autres lointaines contrées. Les belles cerises, les plaquemines (variété de tomate sucrée), les fraises, les pommes, les prunes, les pêches et, surtout, la juteuse variété d'abricots connue localement sous la nom de «Bouchaour», envoûtaient la clientèle et ne laissaient pas indifférents même les plus regardants d'entre eux. Hamma Bouziane, également célèbre pour la distillation de l'extrait d'eau de rose et de fleurs d'oranger, a par ailleurs, souffert de la proximité de la cimenterie et de ses émanations nocives autant pour l'homme que pour la terre arable. «Aujourd'hui, par chance, la pose d'un filtre à manche au niveau de cette unité a considérablement réduit ce problème de pollution et ce verger, qui a perdu plus de la moitié de sa superficie cultivable, verra l'extension prochaine, de cette zone fertile sur 400 autres hectares par la mise en valeur de nouvelles parcelles», indique M.Guedri. Cette initiative, rendue possible par la récupération de la quasi-totalité du débit de la nappe phréatique, estimé à 400 litres par seconde, et par l'apport des eaux traitées de la station d'épuration du Rhummel, permettra l'irrigation de nombreuses variétés de cultures adaptées. Cela suffira-t-il, néanmoins, pour faire revivre, un jour, les jardins luxuriants de Hamma Bouziane?