L'optimisme, l'élan, voire la ferveur d'une campagne électorale historique se sont graduellement affaiblis en même temps que la popularité du premier président noir des USA. En prêtant serment le 20 janvier 2009, Barack Obama parlait d'espoir au milieu d'un «hiver de difficultés pour l'Amérique». Un an après, malgré des succès, sa présidence peine à s'affranchir de réalités têtues, en particulier une économie toujours chancelante. L'optimisme, l'élan, voire la ferveur d'une campagne électorale historique se sont, graduellement, affaiblis en même temps que la popularité du premier président noir des Etats-Unis. Il a dû gérer de front la pire crise économique depuis les années 1930 et deux guerres engagées sous son prédécesseur George W.Bush: l'Irak, où il a mis en place un calendrier de retrait graduel, et l'Afghanistan, où il a au contraire pris le risque de tripler le contingent. L'ancien sénateur de 48 ans a connu des succès, certains arrachés de haute lutte comme une réforme historique du système de santé qui semble enfin en passe de franchir l'obstacle du Congrès, d'autres inattendus tel un prix Nobel de la paix saluant un changement de ton sur la scène diplomatique. Mais peut-être est-ce en creux qu'il faut considérer les «plus» de la première année de la présidence Obama: au prix d'un plan de relance massif, les Etats-Unis n'ont pas basculé dans une nouvelle «grande dépression» et grâce au soutien de l'Etat, le secteur bancaire ne s'est pas effondré. Difficile pourtant de faire passer ce message alors que le chômage reste à 10% et que le pays, même sorti de la récession, ne crée toujours pas d'emplois. Les Américains sont de plus en plus nombreux à le reprocher au dirigeant, au fur et à mesure que le souvenir de la présidence Bush s'estompe et que la cote de popularité de M.Obama menace de passer dans le rouge. Alors que des alliés démocrates de M.Obama au Congrès risquent de faire les frais de ce mécontentement lors des périlleuses élections de la mi-mandat en novembre, la Maison Blanche promet des lendemains meilleurs. «Je suis absolument certain que nous pourrons dire à la fin de l'année (2010) que la situation s'améliore et que nous avons relancé la confiance dans notre économie», a affirmé jeudi M.Obama, qui doit aussi assumer un déficit budgétaire de 1400 milliards de dollars, 10% du produit intérieur brut. Les difficultés du président - qui ne sont pas seulement économiques comme l'a montré la tentative d'Al Qaîda de faire sauter un avion de ligne à Noël ou les résultats mitigés de sa politique de main tendue envers des régimes autoritaires - étaient inscrites dans les attentes énormes qu'il avait suscitées. «Il ne pouvait que descendre» de son piédestal, explique Tom Baldino, professeur de sciences politiques à l'université de Wilkes (Pennsylvanie). «Nous avons hérité d'un nombre incroyable de problèmes, dont certains ne pouvaient pas être résolus en six mois ou un an» Retrouver un capital politique risque de s'avérer difficile. «Les élections de la mi-mandat ne vont pas être bonnes pour le président, mais il peut s'en sortir mieux que prévu si l'économie repart». Etant donné la situation budgétaire, il semble peu probable que M.Obama puisse compter sur un nouveau plan de relance comme celui de 787 milliards de dollars adopté peu après sa prise de fonctions. Le président peut toutefois trouver espoir dans l'exemple de son prédécesseur Ronald Reagan, lui aussi confronté à une grave crise économique lors de son premier mandat, et qui avait été réélu dans un fauteuil en 1984 grâce à la reprise de la croissance. «Le bilan du président est bien plus solide que ce que les gens perçoivent», note Thomas Mann, de la Brookings Institution. «Si l'économie s'améliore et que nous ne nous retrouvons pas embourbés en Afghanistan, l'opinion suivra sans doute et il sera réélu en 2012».