Avec la rupture par le FFS de l'unanimisme, le danger du pourrissement n'est pas totalement écarté. Par sa décision de ne pas participer aux élections communales du 10 octobre prochain, le RCD a rejoint ainsi la position des ârchs qui maintiennent leur slogan consacré: «Ulac l'vote» (pas d'élections). Arguant le fait qu'il «refuse de rentrer dans une architecture électorale qui va être complètement vidée de sa substance par le nouveau code communal», le parti du Dr Sadi semble s'accrocher désespérément à l'«arche» d'Abrika. La justesse de l'argument se trouve alors totalement phagocytée par les projections que se fait le RCD de ce radicalisme. Il est évident que la réussite de ces élections en Kabylie éliminera le parti des strapontins de la région et lui consacrera une place définitive chez les sanafir à l'échelle nationale. Encore mouillé par sa participation à un gouvernement «qui a tiré sur les foules», miné par les innombrables purges et «broutant» dans la même prairie que le MAK, le RCD lorgne vers un avenir qui n'est pas très certain. Rien ne garantit, par exemple, que les ârchs ne vont pas se structurer en parti politique dans les prochaines années, en dépit du code de l'honneur que les animateurs se sont fixé. Il faut rappeler, à ce propos, que le RCD lui-même s'est revendiqué, aux premières années de sa création, d'être une structuration politique du MCB historique. Ainsi mis dans la tourmente en tant qu'entité politique, comment fera le RCD pour empêcher la tenue des élections en Kabylie? La seule alternative pour lui serait d'exacerber la tension qui règne dans le face-à-face ârchs-FFS. Abordant le mouvement des ârchs, Saïd Sadi a évoqué «des excès et des dérapages», faisant remarquer toutefois que «ce mouvement est en lui-même sain». L'avis du FFS à ce sujet est tout autre puisqu'il qualifie les ârchs de création des services. D'aucuns estiment que par sa décision de participer aux élections communales du 10 octobre prochain, le FFS a mis fin à un unanimisme qui a sévi pendant 16 mois en Kabylie. Les observateurs politiques ont qualifié cet unanimisme de dangereux pour une région qui a combattu ce fait pendant plus de 50 ans - depuis la crise dite berbériste de 1947. Cependant, le danger n'est pas totalement écarté et les choses risquent de tourner au vinaigre, à moins d'un revirement de dernière minute. Entre le FFS qui veut confirmer sa suprématie dans la région, un mouvement citoyen endurci par seize mois d'émeutes et de manipulation d'un pouvoir aux abois, et le RCD presque fusionné dans le mouvement guettant les dividendes, le pire est à craindre.