Invité hier à l'émission «Evénement à la Une» sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, Abdelmadjid Bennouni, président de l'Union générale des entrepreneurs algériens (Ugea), s'est fait fort de garantir «la construction de la rocade des Hauts-Plateaux par des entreprises nationales sans faire appel aux entreprises étrangères». Pour répondre à la «sonnette d'alarme» tirée la semaine dernière par une autre organisation patronale du même secteur, Bennouni a longuement répondu aux questions de notre confrère sur la filière et le domaine d'activité de l'Ugea. Ainsi, il a confirmé que beaucoup d'entreprises ont «fermé boutique» pour divers problèmes. Il a énuméré, une à une, les questions de recouvrement, d'attribution de marché, de concurrence déloyale, de lourdeurs administratives et de réglementation et de lois qu'il faudrait alléger pour permettre aux entreprises nationales, de petite et de grande taille, de réaliser dans de bonnes conditions les projets nationaux. Concernant le nombre avancé de 200 à 250 entreprises qui ont fermé en 2009 à cause de problèmes d'approvisionnement en matériaux de construction, il dira que les entreprises du Btph sont fragiles et réalisent des travaux à des coûts relativement bas comparativement aux entreprises étrangères. Leurs factures ne sont hélas payées qu'au bout de trois ou quatre mois. L'Etat parfois, à travers les maîtres d'ouvrage comme les Opgi, les directions des travaux publics, hydrauliques, travaillent éventuellement avec l'argent de ces entreprises. Il viendra à dénoncer les procédures bureaucratiques qui retardent le paiement. Aussi, précise Bennouni, si l'entreprise n'est pas forte sur le plan financier et ne dispose pas d'un «cash flow» confortable, elle risque de mettre la clé sous le paillasson comme beaucoup d'entreprises, de petite taille, du Btph l'ont déjà fait. A cela, il faut ajouter, argumente Bennouni, l'arrivée des entreprises étrangères qui prennent des projets de moindre taille, que les artisans ou tâcherons algériens peuvent facilement réaliser. Il cite ainsi, les travaux d'aménagement en général, de carrelage, d'espaces verts... Tout ceci fragilise davantge ces entreprises fortes, créatrices d'emplois, qu'il faudrait encadrer et essayer de lever certaines entraves administratives et contraintes bureaucratiques qui pèsent lourdement sur le Btph, lequel est au coeur de la relance du développement durable. Les 30.000 entreprises activant dans le secteur sont bien équipées et capables de réaliser sans contrainte le programme de développement. Pour Salah Mouhoubi, consultant à la Radio nationale, présent à l'entretien, beaucoup d'entreprises ont fermé et celles qui tiennent encore le coup pour le moment travaillent dans des conditions très difficiles. Il est inadmissible, pense-t-il, qu'on diminue tout le business après que le pays ait ouvert son économie, que l'on gère une pénurie de matériaux de construction (ciment, bois etc..). C'est un point incompréhensible, selon lui, car il a déstabilisé et déstructuré l'entreprise. Quand ils ne trouvent pas de ciment sur le marché officiel, les entrepreneurs sont obligés d'aller s'approvisionner sur le marché informel qui augmente d'autant les coûts que l'entreprise supporte toute seule, car l'Etat ne lui paie pas la différence. Toutes ces pénuries qui contrarient la bonne exécution des projets, mettent en péril les entreprises les plus fragiles, c'est-à-dire les PME. Il relèvera la venue d'entreprises étrangères qui remportent des projets qui sont à la portée des entreprises locales. Emettant une autre observation, Mouhoubi a souligné que ce n'est pas parce que l'Algérie à l'argent du pétrole qu'il faille que toutes nos infrastructures soient construites par des étrangers. Pour éviter de recourir aux entreprises étrangères, selon lui, il faut restructurer le secteur pour qu'il soit en mesure de remporter les projets. A part Cosider qui a des moyens colossaux pour pouvoir affronter la concurrence étrangère, pour les autres ce n'est pas possible, tranche Mihoubi.