Le FLN ne supporte plus que l'autorité des élus locaux soit sapée par les walis. Les daïras ne servent plus à rien. C'est ce qu'on peut lire en substance dans un rapport établi par le FLN, en décembre dernier, en perspective de son prochain congrès. Ces structures génèrent des dépenses injustifiées sans contrepartie et il faut les supprimer du paysage administratif de l'Algérie, suggère le parti dans son rapport sur les institutions, qui sera présenté lors du 9e congrès prévu en mars prochain. Les membres de la commission de préparation du congrès sous l'égide desquels a été rédigé le rapport, proviennent de plusieurs horizons. On y compte la présence de Abdelaziz Ziari, président de l'APN et de Rachid Harraoubia, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Ils sont respectivement président et vice-président de la commission. Le document regrette que les daïras et les circonscriptions administratives, leur équivalent à Alger, n'aient jamais fait l'objet d'aucun statut particulier. Le désamour que nourrit ce parti jacobin vis-à-vis des institutions administratives, se vérifie aussi dans sa fronde contre les walis. Le FLN n'arrive plus à supporter le poids exorbitant qu'ils exercent dans leurs circonscriptions aux dépens des élus. Le wali ne fait généralement que se prévaloir de son statut de représentant de l'Etat et rarement de celui de chef de l'exécutif local, est-il reproché. Le parti ne comprend pas pourquoi il déploie des efforts titanesques pour remporter des sièges à l'APW, si l'autorité des élus est minée par le wali. Cette fronde qui intervient au moment où des informations font état de l'approche de l'examen de la loi sur la wilaya et la commune, cache mal des tiraillements au sein des plus hautes instances de l'Etat sur l'organisation administrative du pays et sur le partage de parcelles du pouvoir. Cette polémique n'est pas nouvelle. L'ex-secrétaire général du FLN était déjà porteur d'un espoir d'une vraie décentralisation et non d'une simple déconcentration. A l'époque, c'était le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, qui était soupçonné de bloquer les lois qui ne sont d'ailleurs toujours pas soumises à débat. A l'approche des élections locales, les termes du débat s'annoncent comme une répétition générale du discours électoral du FLN pour se donner une image de parti plus proche du peuple que ne le sont ses concurrents, même s'il doit essuyer pour cela, des critiques pour son penchant, vrai ou supposé, au populisme. La vision du FLN tend vers le transfert des compétences d'exécution des délibérations de l'APW à son président. Le wali restera un représentant exclusif du ministre de l'Intérieur et du gouvernement au niveau local. Ce qui est une limitation des compétences du pouvoir central. La dépendance des élus à l'APC n'est, elle aussi, plus admise. Un transfert plus accru des moyens financiers en leur faveur est prêché par le FLN au lieu de se contenter d'un transfert des compétences. Le parti ne veut même plus que le ministre de l'Intérieur garde son pouvoir de dissoudre les APC ou que le wali continue à rejeter leurs délibérations sans motif apparent. Pourtant, même les assemblées élues ne sont exemptes de reproche. Le parti trouve que les élections ne se déroulent pas souvent dans la légalité. Même les élections parlementaires ne reflètent pas les aspirations du peuple, admet le FLN et le président de l'APN qui y occupe un poste important. Contre ce mal, il est proposé une solution technique: changer le mode électoral. Les mêmes élus pourraient alors être désignés par les mêmes électeurs mais en mieux. Avec si possible plus de citoyens se rendant aux urnes car l'abstention est une forme cinglante de rejet des politiques. Pour redorer le blason des élus, le parti propose le régime de session unique qui s'étendrait de 9 à 10 mois par an au lieu de la règle des deux sessions distinctes. Le parti ne verse pas dans l'antiparlementarisme. Bien au contraire, il trouve que l'administration locale, y compris les walis, ne facilite pas les tâches des élus en refusant de leur fournir des informations sous prétexte de la séparation des pouvoirs. Une pique est toutefois adressée au Sénat qui n'était créé que pour servir de frein aux lois votées par l'APN au cas où elles ne seraient pas en adéquation avec la volonté du gouvernement. Des années après, le FLN veut réhabiliter le Sénat en le dotant de la capacité de l'initiative des lois. Le parti nous apprend également, que certains membres du Conseil constitutionnel ne sont pas compétents et que la Cour des comptes subit des pressions.