650 quentaux de drogue, 5 millions d'euros et 4 fusils mitrailleurs ont été saisis durant l'année qui vient de s'écouler. Le crime organisé dont le trafic de drogue, le trafic d'armes et le blanchiment d'argent «est organisé par 4 principaux réseaux» a révélé hier le chef de division de la police judiciaire du commandement de la Gendarmerie nationale, le colonel Zghida Djama, lors de la présentation du bilan annuel des activités de la police judiciaire. Les sbires constituant ces puissants réseaux, au demeurant identifiés, agissent sous la houlette d'une dizaine de barons d'origine algérienne, selon notre interlocuteur. Toutefois, les rivalités entre les différents réseaux ayant des connexions internationales, font rage, indique-t-il encore. Souvent, «la guerre se déclare entre eux autour des espaces sécurisés et des couloirs payés au prix fort». Pour preuve, la saisie de 12 quintaux de drogue à Tamanrasset est due à l'exacerbation des rivalités entre les barons, précise notre interlocuteur. Dans ce contexte, la grande opération de saisie de résine de cannabis, menée le 29 novembre dernier par les éléments des gardes-frontières dans cette wilaya, a assené un coup dur à ces filières. Les GGF(garde-frontières) ont accroché les convoyeurs armés, en provenance du Maroc, pour transiter par le Mali. En plus du kif traité récupéré, les éléments des GGF ont découvert deux caisses de munitions et un fusil-mitrailleur. Un véritable arsenal de guerre pour contrer les forces de sécurité algériennes aux frontières. Selon le responsable sus-indiqué, «le mode opératoire des narcotrafiquants a évolué». «Si auparavant, ils abandonnaient leurs marchandise pour s'évaporer dans la nature, en revanche, actuellement ils affichent une détermination à en découdre avec les services de sécurité. Les convois sont de plus en plus importants et dont chaque véhicule est doté d'une autonomie et de carburant et de sécurité», explique-t-il. Revenant à l'opération de Tamanrasset, il est relevé que les sbires des barons de la drogue, ont recouru aux armes de guerre pour sécuriser leurs convois et faire face aux dispositifs de contrôle, de surveillance et d'intervention des unités des gardes- frontières. Aussi, le trafic de drogue a enregistré une tendance haussière vers l'aggravation au regard des quantités saisies de plus en plus importantes. De 5 tonnes en 2007 et 30 en 2008, soit une croissance de 500%, les saisies sont passées à plus de 64 tonnes en 2009, soit une progression de plus de 1000%. La saturation et le durcissement des frontières nord-ouest ont contraint les narcotrafiquants à se rabattre sur le Grand Sud. Ainsi, de grandes quantités de résine de cannabis transitent par le territoire national avant d'être acheminées, notamment vers l'Europe via le Moyen-Orient. Durant l'année 2009, 42 véhicules,4 FM/PK, 7 PM/AK, 16 téléphones portables de type Thoreya et 3 appareils GPS ont été récupérés. Selon les statistiques communiquées par le commandement de la Gendarmerie nationale, 30,32 quintaux ont été saisis en 2008 dans 980 affaires traitées pour lesquelles 4 660 personnes ont été arrêtées dont 3464 écrouées. Tandis que 64,83 quintaux de drogue ont été saisis en 2009 dans 3253 affaires traitées et pour lesquelles 4977 personnes ont été arrêtées dont 3800 écrouées. Par ailleurs, ça carbure aussi aux frontières. 3989 affaires de contrebande ont été constatées représentant 33,42% de l'activité du crime organisé, soit moins de 1,17% par rapport à l'année 2008. Au volet de l'atteinte à l'économie nationale, le bilan de la gendarmerie fait état de 136 affaires constatées en 2009, soit plus de 3 affaires que 2008. En outre, un nouveau phénomène fait son apparition selon le chef de la division de la police judiciaire. Il s'agit des infractions à la réglementation des changes, au niveau des régions est du pays. 70 affaires ont été constatées et 5 millions d'euros ont été récupérés. De plus, au chapitre des infractions saillantes, il y a le trafic de véhicules avec 162 faits relatifs à la falsification de la carte grise et 232 faits liés au trafic de numéro de châssis. Enfin, pour faire face au phénomène du crime organisé, la Gendarmerie nationale a mis en place des dispositifs de surveillance, de contrôle et de renseignement. «Les unités de transport routier ont été mises à contribution pour la surveillance des voies de communication, les unités de saisie installées en profondeur pour appuyer les brigades territoriales installées aux frontières. A ce maillage s'ajoutent le renforcement en hommes et matériel des unités de la gendarmerie ainsi que la formation et la professionnalisation de leurs éléments», a conclu le responsable.