La stigmatisation de cette maladie au sein de la société doit cesser. La schizophrénie, pathologie mentale chronique la plus fréquente dans le monde, gagne du terrain en Algérie et devient un véritable problème de santé publique. Chaque année, plus de 300.000 personnes sont atteintes de cette maladie, soit un taux de 1% de la population totale algérienne, selon les spécialistes en psychiatrie. Près de 60% des lits d'hôpitaux sont occupés par des patients présentant cette pathologie mentale. Cette dernière est définie comme étant une psychose délirante chronique qui se manifeste par la désintégration de la personnalité et par la perte du contact avec la réalité. Elle touche surtout les jeunes.Réunis vendredi à Alger, les experts qui ont participé à une rencontre algéro-française sur «les troubles psychotiques: entre modèles et pratiques», ont mis en exergue les facteurs intervenant dans cette pathologie. Selon eux, ils sont multiples: biologiques, psychologiques et sociologiques qui se mêlent pour faire basculer l'individu dans la maladie. Pour le Pr Amine Benyamina, de l'hôpital Paul Brousse de Paris, outre les facteurs génétiques et environnementaux, l'alcoolisme, le tabagisme et la toxicomanie constituent autant de causes de cette pseudo-démence. Le cannabis vient en tête de liste des drogues à l'origine de cette affection psychotique. Pour ce qui est du tabagisme, le Pr Benyamina a souligné qu'il intervenait, mais à moindre degré, cette relation n'ayant pas encore été définitivement établie. Dans ce cadre, le spécialiste a préconisé un diagnostic précoce de la psychose et de ses rapports avec la toxicomanie, appelant à la mise en place d'un réseau de communication entre les professionnels de la santé et les malades, outre la prise en charge des aspects scientifiques pour permettre aux décideurs d'assurer le traitement et réduire le taux d'atteinte. De son côté, Farid Kacha, chef de service psychiatrie de l'hôpital de Chéraga à Alger, a estimé que la science avait nettement progressé en matière de prise en charge de la psychose, déplorant que ces avancées n'ont pas été accompagnées d'initiatives thérapeutiques ciblées, d'où le nombre croissant d'individus atteints. Dans ce même volet, des spécialistes ont déploré auparavant le fait que beaucoup de malades notamment les femmes soient «cachées» par leurs familles pendant des années, par tabou ou par ignorance, croyant sans doute que la maladie est incurable. Par ailleurs, la saturation des services de psychiatrie, ainsi que le manque de personnel spécialisé, ajoutés à la mauvaise prise en charge du malade, font craindre que la schizophrénie ait de beaux jours devant elle.