Les syndicats ayant appelé à la grève vont durcir les conditions d'exercice du service minimum. «Le malade est déjà victime du système de santé qui prévaut dans nos hôpitaux et ce même en dehors de la grève.» La sentence est du Dr Sobeihi, médecin réanimateur au service de chirurgie B de l'hôpital Mustapha-Pacha. De ce fait, le malade est le seul à faire les frais d'un tel pourrissement «dont le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière est seul responsable», maintient-il. Depuis la grève des blouses blanches, débutée il y a plus de deux mois, seul le service minimum est assuré dans les hôpitaux. Mais il risque vite d'être remis en cause même si ce n'est pas vraiment le désir des médecins. Ils pensent, au contraire, que la satisfaction de leurs revendications ne sera pas dénuée d'effet sur les patients. Pourtant, il a tenu à affirmer que si la tutelle campe toujours sur sa position, le mouvement va se durcir. «Il s'agit de restreindre davantage le service minimum. L'urgence relative sera revue», dit-il. De son côté, le docteur Lyès Mérabet, président du Snpsp, a signalé que cette probabilité sera étudiée lors des prochains conseils nationaux des syndicats. Avant ce mouvement de grève entamé, notamment par le Syndicat national des praticiens de la santé publique et par celui des praticiens spécialistes de la santé publique, les malades souffraient déjà d'un système de santé déliquescent. Le Dr Sobeihi regrette que le malade ne puisse comprendre les motivations des médecins en grève. A ce sujet, il indique que «le médecin est ainsi sanctionné et par la tutelle qui ne reconnaît pas ses droits les plus légitimes, et par le malade qui constate le mauvais résultat». Leurs rendez-vous étant reportés ce qui implique qu'ils doivent encore attendre avant de bénéficier de soins. Cependant, la détermination de poursuivre ce mouvement est plus grande que jamais. «Nous sommes convaincus de la justesse et de la légitimité de nos revendication», a-t-il soutenu. Il regrette que le ministère de tutelle rejette la responsabilité de cette situation délétère sur les grévistes et refuse de reconnaître «le bien-fondé de ce mouvement». Les médecins n'acceptent pas les termes de leur statut tels que proposés «de manière unilatérale» le 29 novembre dernier. Concernant, justement ce statut particulier, première raison du courroux des syndicats grévistes, le Dr Sobeihi a confié, amer, que la tutelle a introduit des articles qui ne devaient pas y figurer. «Des articles concernant la tenue du travail, la restauration, le transport...Ce n'est là que du remplissage et de la provocation», a-t-il indiqué. Le Dr Sobeihi a annoncé que les sit-in observés par les grévistes chaque mercredi depuis le début de la grève, prendront une autre forme. Selon lui, un rassemblement sera tenu demain devant le ministère de la Santé. Notre interlocuteur est revenu sur la marche empêchée de mercredi dernier. A ce sujet, le Dr Sobeihi s'est dit «déçu par cette attitude de mépris et de provocation».