Signe de la mobilisation à Genève en vue de l'examen de la situation en Iran, des diplomates occidentaux se sont relayés dans les couloirs de l'ONU pour être en bonne place sur la liste des orateurs. L'Iran devait se retrouver sur la sellette demain devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève où une salve de critiques est prévue sur les arrestations, les condamnations à mort, les exécutions et les atteintes à la liberté d'expression et de réunion. Le prix Nobel de la paix de 2003, l'avocate iranienne Shirin Ebadi, a ouvert le feu vendredi en appelant les Nations unies à agir pour «éteindre l'incendie» en Iran. L'avocate iranienne, qui s'est prononcée pour des «sanctions politiques», a demandé à l'ONU de désigner un rapporteur spécial pour suivre la situation en Iran. «Cependant, la procédure d'examen périodique universel (EPU) auquel l'Iran va être soumis ne se prête pas à cette question. En effet, les recommandations ne peuvent être adressées qu'au pays passé en revue», a prévenu un diplomate occidental. «En revanche, la question d'un rapporteur pour l'Iran pourrait éventuellement être débattue lors de la prochaine session du Conseil en mars prochain...Mais ce n'est pas gagné», a confié ce diplomate. «Cela fait maintenant huit mois que le gouvernement (iranien) refuse d'entendre le peuple. Il est temps qu'il entende le peuple, sinon demain il sera trop tard, demain il y aura une tragédie», a mis en garde vendredi Shirin Ebadi. Grâce à un dispositif policier considérable, les autorités sont parvenues à circonscrire les manifestations hostiles au président Mahmoud Ahmadinejad à l'occasion de la célébration du 31e anniversaire de la révolution islamique, le 11 février. Signe de la mobilisation à Genève en vue de l'examen de la situation en Iran par le Conseil des droits de l'homme, des diplomates occidentaux se sont relayés durant toute la nuit de jeudi à vendredi dans les couloirs de l'ONU pour être en bonne place sur la liste des orateurs, a-t-on commenté de source diplomatique. Cette stratégie a été payante puisque le trio de tête est composé par les Etats-Unis, le Canada et la France: trois pays qui ont, d'ores et déjà, fait savoir leurs vives critiques contre le régime iranien. «Nous ne pouvons rester silencieux devant le recours croissant à la violence policière contre les manifestants, la fermeture de journaux et de sites Internet, les entraves au travail des correspondants de la presse internationale et le brouillage systématique des médias audiovisuels étrangers», a déclaré vendredi le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero. La Maison-Blanche a réaffirmé dès jeudi son soutien aux «droits universels» des manifestants iraniens à pouvoir s'exprimer librement, tandis que des sénateurs américains déposaient deux projets de loi pour sanctionner les personnalités impliquées dans la répression et aider les opposants prodémocratie. Plusieurs pays ont déjà communiqué au Conseil des droits de l'homme les points qu'ils veulent soulever au cours du débat. La Suède, la République tchèque, l'Allemagne, le Japon, la Norvège et la Pologne ont annoncé leur intention d'interpeller le régime de Téhéran sur les arrestations, les condamnations à mort et les exécutions d'opposants, ainsi que sur les atteintes à la liberté d'expression et de réunion depuis la réélection contestée de M.Ahmadinejad en juin 2009. 84 pays se sont inscrits pour le débat mais les trois heures imparties pour celui-ci ne permettront sans doute pas à tous de s'exprimer, en dépit d'un temps de parole réduit à deux minutes par orateur.