Des Iraniens venus de toute l'Europe et d'Amérique ont manifesté lundi matin devant le siège de l'ONU à Genève pour dénoncer “les exécutions, les tortures et les viols” dans les prisons iraniennes. Des manifestants, dont certains étaient drapés de vert, couleur des partisans de l'ancien Premier ministre et désormais opposant Moussavi, scandaient : “Liberté, démocratie, laïcité en Iran !” et arboraient des banderoles sur lesquelles on pouvait lire “Non à la violence policière” ou encore “Arrêtez la peine de mort !” La manifestation a eu lieu alors que s'ouvrait le premier Examen périodique de l'Iran à l'ONU, une procédure qui a lieu tous les quatre ans et qui permet de passer au crible la situation des droits de l'homme dans les 192 Etats membres. Le débat a été ouvert par le représentant de la République islamique d'Iran, Mohamad Jabad Larijani, qui a proclamé “le ferme engagement de l'Iran en faveur de la protection et de la promotion des droits de l'homme”. Aussitôt après, le représentant des Etats-Unis Michael Posner lui a apporté la contradiction et a condamné fermement “la répression violente et injuste de citoyens iraniens innocents, qui s'est traduite par des arrestations, des blessés et des morts”. L'ambassadeur français Jean-Baptiste Mattei a abondé dans le même sens en dénonçant les autorités iraniennes, qui “se livrent à une répression sanglante contre leur propre population”. Les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France ont tour à tour demandé à l'Iran d'ouvrir sa frontière au rapporteur de l'ONU sur la torture et à d'autres experts en matière de droits de l'homme, qui n'ont pu se rendre en Iran depuis cinq ans. Les Occidentaux ont aussi exigé l'arrêt des exécutions de mineurs et dénoncé l'usage abusif de la peine de mort contre les opposants politiques, les violences faites aux femmes, la répression de la liberté d'expression et les discriminations dont sont victimes des minorités religieuses. A contrario de la position ferme et tranchée des pays Occidentaux, Cuba, le Nicaragua et le Venezuela ont soutenu sans réserve le régime de Téhéran et ont salué les réalisations iraniennes en matière d'éducation et de santé. Le Pakistan, qui préside l'Organisation de la conférence islamique, a opté pour une position nuancée en encourageant les autorités iraniennes “à prendre toutes les mesures nécessaires, conformément aux lois du pays, pour assurer la protection des droits de ses citoyens”. À peu de choses près, la Chine et la Russie ont adopté la même attitude. Au moment même où la République islamique passait au scanner du Conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève, les diplomaties américaine et israélienne mettent les bouchées doubles pour gagner des soutiens en prévision de sévères sanctions contre Téhéran, en vue de le contraindre à réviser ses ambitions nucléaires. Alors que Benjamin Netanyahu était à Moscou pour inviter les autorités russes à plus de rigueur à l'égard de l'Iran sur son programme nucléaire, Hillary Clinton a fait une tournée dans les pays du Golfe et le secrétaire d'Etat américain à la Défense a visité les principales capitales européennes, avec une halte particulière à Paris, la France devant présider le Conseil de sécurité de l'ONU dès les prochains jours. Fragilisé depuis la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad en juin dernier, le régime iranien a multiplié des initiatives perçues comme des provocations par les puissances occidentales. Il a aussi exercé sans relâche une sanglante répression contre son opposition interne. Jeudi passé, grâce à un impressionnant dispositif policier, le gouvernement iranien a pu contenir les manifestations hostiles de l'opposition à l'occasion du 31e anniversaire de la République islamique, ce qui a fait dire à la secrétaire d'Etat américaine sa crainte de voir Téhéran s'orienter vers “une dictature militaire”.