«Dans nos valeurs et traditions, l'arme et la femme sont deux entités qui ne se prêtent pas, ne se donnent pas.» Une cinquantaine de personnes ont bloqué l'accès au siège de la wilaya, hier à 10h. Les protestataires exigent la restitution de leurs armes confisquées à l'apparition du terrorisme en 1992. Dans le cadre des premières mesures de lutte contre le terrorisme, les services de sécurité avaient récupéré les fusils de chasse auprès des citoyens. Depuis 2000 et à la faveur du retour de la sécurité, ces citoyens demandent la restitution de leur bien. Pour ce faire entendre, ils ont organisé des sit-in cycliques et saisi toutes les autorités à différents niveaux, en vain. «A chaque fois, on nous affirme que la question est prise en charge mais on ne voit rien venir», se plaint un citoyen de la localité de Haïzer. «Des terroristes ont été amnistiés et indemnisés, la quiétude est revenue et nous on est restés en marge», peste pour sa part un autre villageois de Taghzout. Las d'attendre, les protestataires ont décidé de rester sur place jusqu'à ce que le wali les reçoive. «Nous voulons une décision concrète et non d'autres promesses sans suite.» Selon certaines indiscrétions, ce dossier pose un réel problème dans la mesure où ces armes auraient été acheminées vers d'autres wilayas et il est difficile de les récupérer. A ce sujet et en guise de solution, les protestataires demandent une compensation. «Qu'on nous donne d'autres armes», suggère notre interlocuteur ajoutant que «dans nos valeurs et traditions, l'arme et la femme sont deux entités qui ne se prêtent pas, ne se donnent pas. Par adhésion aux décisions des pouvoirs contre le terrorisme, nous avons fait cette concession. Qu'ils nous indemnisent s'ils ne peuvent plus récupérer notre bien.» Une délégation a été reçue par les responsables, pour tenter de trouver une issue à une situation qui s'éternise. Ce problème de la restitution des armes ne date pas d'hier. Il y a plus de 7 ans, les propriétaires de ces fusils de chasse qui seraient au nombre de 9 600 ont mené une action au niveau local. Chaque mardi, des dizaines de paysans affluent de leur village vers la place centrale de Bouira, où ils se rassemblent pendant une demi-heure avant de s'ébranler, en cortège, vers le siège de la wilaya pour revendiquer la restitution de leurs armes. Rien n'a été fait depuis et le problème est resté sans solution. Les citoyens sont revenus à la charge il y a deux ans brandissant la même revendication. Intervenant à ce sujet, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Yazid Zerhouni, a considéré que la résolution de ce problème passait par le rétablissement définitif de la sécurité. Intervenant sur le même sujet devant les députés à l'APN, il y a quelques années, le ministre a reconnu que la restitution des biens de ces citoyens est un droit dont le gouvernement est parfaitement conscient.