L'essentiel des relations commerciales se déroule avec l'Union européenne, mais pas sans quelques inconvénients. Les importations algériennes deviennent de plus en plus chères. C'est le constat établi hier par Mohamed Gharnaout, analyste financier, joint par téléphone. Ce phénomène est dû essentiellement à la parité entre le dinar et l'euro. Il s'échange à plus de 100 dinars pour un euro. La parité avec le dollar prend, quant à elle, une tendance à la hausse. Toutes ces donnes font qu'un glissement de la valeur du dinar est continu. Or, étant donné que le principal partenaire commercial de l'Algérie est l'Union européenne, les complications ne tardent pas à apparaître. Elles sont même anciennes, souligne Gharnaout qui rappelle que cette tendance de baisse de la valeur de l'euro est vécue depuis 2008. L'équilibre de la balance commerciale est en faveur de l'Europe alors que pour les Etats-Unis, c'est le contraire qui se produit et cela risque de continuer ainsi. Sauf si les importations diminuent. Cette situation ne va pas arranger tout le monde. D'un côté, il y aura forcément une réduction de la masse de devises sortie du pays avec le résultat d'aboutir à autant d'économie. Mais si les importations sont réduites, il y aura moins de recettes douanières pour le Trésor public, nous dit Gharnaout. L'Etat en a pourtant besoin pour financer les projets lancés par les pouvoirs publics. En plus des effets sur la trésorerie, les consommateurs ne sont pas loin de ressentir les effets des réductions des importations sur le marché. L'un de ces effets est le rétrécissement de la disponibilité des marchandises. Une augmentation de leur prix suivra automatiquement. D'autres conséquences sont tout aussi importantes. La dévaluation du dinar ne favorise pas les investissements, selon notre interlocuteur. Or, sans investissements, c'est l'objectif de réduction du chômage qui est compromis. Ce n'est pas très réjouissant car cette donne est au coeur de la politique économique et sociale de l'Etat. Les producteurs sont assurés de se retrouver avec leurs marchandises sur les bras si les citoyens ne disposent pas de pouvoir d'achat pour les consommer. Il est toutefois excessif d'incriminer le seul élément lié à la parité du dinar dans la structure des importations et de l'approvisionnement du marché. Selon notre interlocuteur, il y a aussi l'obligation pour les opérateurs économiques de passer par l'utilisation de l'unique moyen de paiement des achats à l'étranger qui est celui du crédit documentaire qui a eu un effet sur le marché. Les délais d'importation sont devenus trop longs, a-t-il indiqué. Cela n'a pas été sans conséquence sur l'état des stocks. On ne trouve plus assez de produits et en quantité suffisante pour alimenter les ménages. L'impact sur la hausse des prix a été immédiat. Avec le lot de protestation sociale que cela peut engendrer. Les travailleurs ont beau demander des augmentations, cela n'arrangera pas beaucoup les choses. Même s'ils obtiennent gain de cause, leurs maigres ressources supplémentaires risquent d'être rapidement absorbées par la hausse des prix et par l'inflation. En tout cas, le problème des importations se posera avec plus d'acuité si les prix des hydrocarbures reprennent leur tendance à la baisse. Dans ce cas, les ressources en devises acquises grâce aux exportations ne suffiront plus à financer les importations. Déjà en 2010, c'était l'équilibre entre les deux facteurs. Les recettes ont baissé de moitié par rapport à 2008 alors que les importations n'ont pas enclenché une tendance baissière. C'est ce à quoi veut parvenir le gouvernement en instaurant de nouvelles règles du commerce extérieur depuis une année. La précision que l'Algérie n'importe pas que les produits de consommation, comme les aliments et les médicaments est importante. Les importations concernent aussi les équipements destinés aux infrastructures. La proportion est de 38% en 2008. Sans que cela ne soit synonyme de développement ou de grands postes créateurs d'emplois. En intégrant ou non la donne liée à la monnaie, on constate que les importations de l'Algérie ont augmenté de 400% en dix ans. Selon des informations rendues publiques par l'économiste Abdelhak Lamiri, l'Algérie a importé pour une valeur de 690 milliards de dinars en 2000. En 2008, le chiffre a atteint 2 572 milliards. L'avertissement est clair. Il est temps que l'Algérie cesse de lorgner les richesses des autres et de se tourner vers les siennes.