L'envoyé spécial du président français Nicolas Sarkozy à Alger estime qu'il revient à Kouchner de s'expliquer sur ses déclarations. La courte visite du secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, à Alger, a été qualifiée d'intéressante. Une source bien informée et proche de la délégation française a confié hier à L'Expression que l'envoyé du président français Nicolas Sarkozy et le Premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia, ont abordé toutes les questions qui fâchent durant ce tête-à-tête qui a duré trois heures à la résidence El-Mithaq. «Les deux parties ont abordé toutes les questions même celles épineuses. Elles ont discuté de l'Union pour la Méditerranée, du Sahara occidental, de la fameuse liste noire des pays à risque, des essais nucléaires et, bien entendu, de questions économiques», a dévoilé la même source. Tentant de minimiser l'ampleur des propos de Bernard Kouchner, ministre français des Affaires étrangères, qui a demandé, indirectement, le départ des dirigeants algériens, Paris estime que la visite de Guéant n'intervient pas au lendemain des déclarations de M.Kouchner. «La visite de Guéant a été programmée depuis deux semaines. Elle n'intervient pas au lendemain des déclarations de M.Kouchner», a précisé la même source. A ce sujet, l'Algérie a exprimé au secrétaire général de l'Elysée son indignation quant aux propos du ministre français des Affaires étrangères. La même source, qui a accompagné la délégation française lors de cette visite, a affirmé que M.Guéant a préféré ne pas faire de commentaire et endosse à M.Kouchner la responsabilité de ses déclarations. «Il revient au ministre des Affaires étrangères de s'expliquer sur ses déclarations», a déclaré M.Guéant au Premier ministre algérien, selon notre vis-à-vis. L'Elysée se lave les mains des déclarations de son ministre des Affaires étrangères connu par ses prises de position personnelles et qui n'engagent, généralement, pas la position de Paris. L'occasion s'est offerte pour l'Elysée de renouveler son invitation au président de la République Abdelaziz Boutelika. «M.Guéant a abordé avec M.Ouyahia la visite du Président Abdelaziz Bouteflika à Paris. Certes, on n'a pas arrêté encore une date, mais elle figure toujours dans l'agenda de l'Elysée», a ajouté la même source. Par la même occasion, l'Algérie a demandé des explications à l'envoyé spécial du président français quant à la fameuse liste noire des pays à risque dont l'Algérie. Sur cette question, la même source n'a pas souhaité dévoiler le contenu des discussions qui ont eu lieu entre les deux parties. Les relations algéro-françaises ont été qualifiées par M.Guéant de complexes. «Les relations entre l'Algérie et la France sont très denses et très complexes. Elles sont multiformes et plurielles», a jugé M.Guéant. Ce dernier a manifesté, par la même occasion, le souhait de Paris de bâtir avec l'Algérie une vraie relation très profonde. Pour y parvenir, le secrétaire général de l'Elysée a exprimé à la partie algérienne que Paris espère que les deux capitales essayent «de trouver les solutions adéquates» aux problèmes posés. A noter que M.Guéant n'a pas été reçu par le président de la République Abdelaziz Bouteflika. Durant l'audience d'avant-hier, ont été présents à cette rencontre, du côté algérien, le ministre des Affaires étrangères, M.Mourad Medelci, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, M.Abdelkader Messahel, et le secrétaire général de la présidence de la République, M.Habba El Okbi. Etaient présents, du côté français, le conseiller diplomatique du président Nicolas Sarkozy, M.Jean-David Levitte, et le conseiller technique à la cellule diplomatique de la présidence de la République chargé de l'Afrique du Nord, du Proche et Moyen-Orient, M.Nicolas Galey.