Le ministère de la Santé reprend langue avec les médecins grévistes. Prévu pour aujourd'hui, le rassemblement des praticiens devant la Présidence de la République n'aura pas lieu. «Nous avons décidé de surseoir aux rassemblements à Alger et dans les autres villes du pays», a déclaré, hier le Dr Mohamed Yousfi, président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp). La grève des médecins ne s'arrête pas pour autant. Joint par téléphone, il a indiqué que cette décision a été prise d'un commun accord avec le Syndicat national des praticiens de la santé publique (Snpsp). Deux raisons expliquent cette résolution. La première est que le ministère de la Santé a ouvert les portes du dialogue pour le Snpsp. Le département de Saïd Barkat a invité les praticiens généralistes à une réunion de conciliation. Cette réunion a été programmée pour hier au siège du ministère, à Alger. «Nous saluons la décision du ministère d'élargir le dialogue aux praticiens généralistes en vue d'une solution globale à la crise», a indiqué, pour sa part, le Dr Yousfi. Conciliatrice, cette démarche tend à atténuer la tension entre les médecins protestataires et leur tutelle. A cela s'ajoute une nouvelle donne. Cette dernière pourrait s'avérer décisive d'autant qu'elle est d'ordre politique. Hier, le Snpssp a été reçu par Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général de l'instance exécutive du FLN, au siège de ce parti, à Hydra, sur les hauteurs d'Alger. «Nous avons été également reçus par les membres du secrétariat du FLN, ses députés et ses sénateurs», a précisé le Dr Yousfi. Cette réunion revêt une importance particulière. Et pour cause, le FLN, par la voix de son secrétaire général, s'est engagé à appuyer les revendications des médecins grévistes auprès du ministère de la Santé. Ainsi, le doyen des partis algériens apporte son soutien aux praticiens. Un soutien de taille. Surtout que le FLN est la première force politique du pays. Aussi, il est le parti le plus ancré dans le tissu institutionnel national. Majoritaire au Parlement, le FLN est l'un des pôles puissants de l'Alliance présidentielle. Ces attributs lui permettent de peser de son poids sur le gouvernement pour faire aboutir les doléances des médecins. C'est dire l'ampleur prise par la protesta des blouses blanches. Aujourd'hui, les praticiens spécialistes seront reçus, une seconde fois, au siège du ministère de la Santé. A cet effet, une autre réunion de conciliation devrait se tenir à partir de 14h. Pour rappel, cette séance devait avoir lieu lundi dernier. «Elle a été reportée à cause de l'absence du représentant de la Fonction publique», a expliqué le Dr Yousfi, sur un ton compréhensif. Après la colère, c'est l'apaisement. Positive, l'évolution de la situation vers le rapprochement entre médecins et pouvoirs publics est palpable ces derniers jours. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le rassemblement tenu aux environs du Palais du gouvernement est l'élément qui a provoqué ce déclic. Mercredi dernier, les blouses blanches ont tenu un sit-in impressionnant au jardin de l'Horloge florale à Alger. Ce jour-là, des milliers de médecins venus des 12 wilayas du centre du pays ont crié leur ras-le bol des conditions dans lesquelles ils exercent leur métier. Ce cri est celui de 30.000 praticiens. Ainsi, le Snpsp et le Snpssp ont su mobiliser cette force sociale dans le cadre d'une protestation qu'il ont maintenue loin des manipulations politiques et autres tentatives de déstabilisation, voire de récupération. Aujourd'hui, ces deux syndicats autonomes s'imposent en tant que partenaires sociaux incontournables pour une sortie de crise réelle. L'impératif est d'extirper le mal à la racine, car on ne guérit pas le cancer avec un comprimé d'aspirine.