Les officiers ne peuvent plus demeurer au même poste plus d'une année. Les Douanes veulent se placer en première ligne de la lutte contre la corruption. Les postes douaniers sensibles ont été identifiés par le ministère des Finances, qui en est la tutelle, afin de mieux les surveiller et de prévenir les cas de corruption. C'est en tout cas ce qu'a déclaré hier à la radio, Abdelmadjid Mahrèche, inspecteur général au niveau des Douanes algériennes. Il a précisé que le ministère des Finances et la direction générale des Douanes viennent d'établir une cartographie des postes sensibles de la Douane. Cette mesure est censée être une nouvelle étape dans la lutte contre la corruption. Les postes qui présentent des risques de corruption seront dotés d'un dispositif qui ne permet plus à un agent de décider seul. Les modalités pratiques de l'application de cette méthode ne sont pas encore définies. Elles sont toujours en cours d'élaboration. A cette surveillance accrue, s'ajoute l'introduction du principe de la mobilité. Concrètement, cela veut dire que les agents ne peuvent pas passer plus de six mois dans un même poste sensible. Cette pérennité met les fonctionnaires dans des positions qui rendent difficile la résistance à la tentation. Cette remarque a déjà été faite par M.Bouderbala, le directeur général des Douanes depuis quelques semaines. C'est actuellement au tour de Abdelmadjid Mahrèche, inspecteur général au niveau des Douanes algériennes, d'en expliciter les modalités pratiques. Il indique que les responsables au niveau de ces postes seront mutés au bout d'une année. Autrement, ils seraient fortement exposés à des risques considérables de corruption. Il reste quand même à espérer que cela ne puisse intervenir avant ce délai. Pour arriver à imposer de telles mesures de précaution, il a fallu que plusieurs cas de corruption soient détectés au sein des Douanes. Selon le même responsable, rien que pendant les dernières années, à savoir de 2006 à début 2010, pas moins de 72 dossiers de cas avérés de corruption d'agents douaniers ont été transmis à la justice. Il faut dire que pour chaque cas détecté, plusieurs douaniers peu scrupuleux ont pu passer à travers les mailles du filet. Les responsables des Douanes font appel aux victimes de corruption pour se manifester. Les Douanes s'attendent à recevoir des plaintes de citoyens ou d'importateurs qui font face à des cas de corruption. Même en l'absence de dénonciation, les Douanes effectuent, tout de même, des enquêtes. Même dans le cas d'un seul soupçon, les enquêtes sont systématiquement déclenchées. Les Douanes considèrent néanmoins que l'aide des citoyens est importante. Ne pas déposer de plainte est ainsi assimilé à un encouragement de l'impunité. Or, l'institution veut en finir avec l'image peu flatteuse de «nid de corrompus». Même le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, en a fait explicitement référence lors de l'un de ses discours à l'époque où l'ancienne équipe dirigeait encore l'institution. Pour se départir de cette réputation, les Douanes ont décidé d'enquêter même lorsque des signes d'enrichissement inexplicables de certains agents ou officiers sont constatés. Mais comme la corruption ne gangrène pas que les Douanes, il serait assurément utile d'étendre ces mesures à d'autres secteurs.