La noyade d'un enfant de 5 ans soulève émotion et polémique. Il y a quelques jours, la célèbre piscine Raïs Hamidou située non loin de l'hôtel Sheraton et fréquentée par la Jet 7, connaissait un drame. Un garçon de 5 ans, Anis, s'y est noyé alors qu'un concours de danse battait son plein et retenait l'attention de tout le personnel. «Ce sont des clients qui l'ont repêché», d'après les propos de Karim Demenia, un témoin, diplômé en secourisme. C'est un autre client, cardiologue de profession, qui a tenté de le réanimer. L'ambulance de la Protection civile a évacué l'enfant sur l'hôpital, mais il était trop tard. La fête à la piscine reprit de plus belle aussitôt. Les parents d'Anis, très affectés par la perte de leur enfant, ont rendu visite au journal et nous avons tenté de reconstituer les faits. «Je ne lâcherai pas les responsables de la piscine. Au moment où mon fils quittait la vie, il n'y avait ni secouristes, ni médecin, ni oxygène, ni ambulance...Comment voulez-vous que je pardonne ou que j'oublie?», fulmine le père. Sur sa lancée, il ajoute: «Un gendarme m'a rapporté que le gérant, au moment où on lui a annoncé la raison du vacarme dans sa piscine, a dit: ‘‘De toute façon je suis assuré''». Toujours selon les propos de Karim Demenia: «Je peux vous assurer qu'au moment où les autres clients le sortaient de l'eau, les maîtres nageurs se sont réfugiés sur le bord de la piscine sans rien faire, ce qui veut dire qu'ils ne sont pas formés pour le sauvetage...pas de médecin sur place. Sauf un médecin cardiologue qui était là en tant que client. On a fait tout ce qu'on pouvait, mais la trousse de secours de la piscine était quasiment vide et ne contenait que des pansements et de l'alcool.» Et de poursuivre: «Un simple scalpel aurait pu sauver cet enfant? Or, il n'y en avait pas.» Contacté, le médecin cardiologue tranchera en disant : «Une piscine doit être surveillée. Si l'enfant est mort, il y a eu forcément négligence. En outre, la piscine n'est pas gratuite. En y allant on paye surtout pour la surveillance.» En qualité de témoin, il atteste: «S'il y avait un maître nageur en poste au moment de l'accident, l'enfant ne se serait pas noyé.» Chaouki, un jeune présent le jour «J» s'insurge: «Ce qui m'a écoeuré dans tout cela, ce sont les 10 minutes qui ont suivi le départ de l'ambulance avec l'enfant. Un concours de danse a été organisé pour distraire les enfants. On a continué à danser et à chanter comme si de rien n'était.» Riad Hamidou, le propriétaire de la piscine, après avoir consulté ses avocats, consent à dire: «Le complexe Raïs Hamidou compatit à la douleur de la famille. Nous déplorons ce malheureux événement.» L'homme nous présente deux jeunes hommes comme étant les médecins exerçant à la piscine et trois maîtres nageurs munis de leurs cartes professionnelles et d'attestations de formation. Lui et toute son équipe soutiennent la thèse que Anis avait des problèmes de santé. Le premier médecin déclare: «L'enfant été bourré d'aliments, au moment où on le réanimait. C'était bouché. La respiration artificielle n'a pas été efficace parce qu'il avait trop mangé.» Son collègue parlera d'«une possibilité d'hydrocution: différence importante entre la température de l'eau, 22°, et celle du corps, 37,5°». Ces dires sont appuyés par une femme qui nous a interpellés au niveau de la piscine de Raïs Hamidou. Elle s'est présentée comme étant la voisine de la famille de l'enfant. Elle déclare: «Ces derniers temps, Anis était malade, il toussait et vomissait...c'est l'ami de mon fils.» Le Dr Zayed, médecin de l'enfant, nie et certifie: «Anis n'a jamais souffert de quoi que ce soit, c'était un garçon dynamique et en excellente santé.» «Je compte poursuivre mes voisins en justice, car ils ont emmené mon enfant avec eux à la piscine et ils l'ont négligé. Il n'avait que 5», déclare M.Abdel Wahab Tini, père de Anis. De même, les déclarations du propriétaire et de ces «médecins» auraient pu être crédibles si le cardiologue avait confirmé la présence des médecins. A ce sujet, il est catégorique: «J'étais le seul médecin sur place.» En outre, une autopsie sera pratiquée et déterminera la cause exacte du décès. Enfin, Riad Hamidou s'expliquera au sujet du concours de danse qui s'est poursuivi en disant: «Au moment où l'ambulance est partie de chez nous, on croyait qu'une fois à l'hôpital l'enfant serait réanimé. C'est pour cela que nous n'avons pas annulé la fête. Ce n'est qu'à 19h qu'on a su que l'enfant était mort. Pour l'autre fête organisée le soir même, on ne pouvait pas l'annuler pour la simple raison que le complexe est tenu par un contrat signé». Les parents d'Anis n'ont pas l'intention de se laisser intimider. Ils nous ont affirmé leur détermination à «aller jusqu'au bout pour faire éclater la vérité».