Malika Laïchour Romane a mené, pendant plus d'une année, une enquête de longue haleine sur ces réseaux Pour quoi faire un documentaire? Pour éclairer les zones d'ombre d'une intrigue, pour aborder, différemment, une question de vie qui nous obnubile ou encore pour faire connaître, aux nouvelles générations, des pans d'histoire, encore méconnus. C'est, justement, ce qu'a tenté de faire Malika Laïchour Romane dans son film documentaire intitulé, Khawa, l'aide européenne à l'indépendance algérienne. Sorti en 2005, ce film retrace avec tact comment s'est fait le tissage des différents réseaux européens d'aide à la Révolution algérienne à partir des réseaux de soutien français. «On parle souvent des réseaux français, mais ce ne sont pas les seuls. Ils sont nombreux les réseaux européens qui ont soutenu la guerre de Libération algérienne, il y a des réseaux allemands, belges et d'autres encore...», nous précisera-t-elle, quelques minutes avant le début de la projection. En effet, qui d'entre nous ne connaît pas Francis Jeanson, créateur du réseau de soutien au FLN durant la guerre de Libération? Le père Robert Davezies ou encore Hélène Cuénat, qui faisaient partie du même réseau? Personne ou presque, n'ignore l'aide qu'ont apportée ces gens à la Révolution durant la guerre de Libération. Mais qu'en est-il de Adolpho Kaminsky, Hans Jürgen Wischeewski? De Luc Sommerhassen ou encore Gisele Goethner Aït Mokhter? Ces militants de la première heure, allemands et belges, restent très peu connus en Algérie. Pourtant, eux aussi ont soutenu le peuple algérien dans sa quête de liberté, au même titre que Francis Jeanson et ses compagnons. C'est pour faire découvrir cette vérité historique, que Malika Laïchour a sollicité les membres de ces réseaux européens pour témoigner dans le documentaire. Incontestablement, la Seconde Guerre mondiale avait laissé son empreinte sur la conscience des Européens. «Il faut dire qu'il y a eu un certain réveil des consciences après la Seconde Guerre mondiale», témoignera un ancien porteur de valises allemand dans le documentaire. Après, 1945, de nombreux militants de gauche étaient déterminés à combattre l'injustice où qu'elle soit. Le réseau de soutien au FLN en Belgique, par exemple, était à l'origine d'un réseau de résistance antinazi. «On ne peut occulter l'aide européenne à la Révolution algérienne», affirmera Ali Haroune, ancien militant du FLN, lors de son intervention au cours des débats. Il n'était pas le seul, bien évidemment, d'autres militants qui ont témoigné, avaient tenu à assister à la projection du documentaire au Centre culturel français, mercredi dernier.