L'objectif de cette action est de briser le silence qui entoure l'oeuvre de Guermaz dont la peinture est jusqu'à aujourd'hui très méconnue. Le répertoire cinématographique algérien va s'enrichir d'un film documentaire sur la vie et l'oeuvre du peintre Abdelkader Guermaz qui sera réalisé par la cinéaste Malika Laïchour Romane qui travaille sur le sujet depuis quelque temps déjà, et produit par Rive Blanche Films, sa maison de production. L'essentiel de ce documentaire est de dire qu'il est vital de rendre à l'actualité l'un des plus grands peintres algériens, disparu à Paris, dans le silence de l'Algérie officielle. Cette mission n'est pas de tout repos, c'est un travail ardu et difficile. Car ce grand artiste, si ouvert à la complexité du monde, avait aussi ses jardins secrets. Mais cette femme qui connaît son métier, est diplômée de troisième cycle en cinéma et audiovisuel de l'université de Sorbonne-Nouvelle (Paris III). D'ailleurs, au moment des années du terrorisme, elle est reporter d'images pour de nombreuses chaînes de télévision étrangères puis correspondante pour TF1 et permanente pour France2. En 1996, la réalisatrice quitte le métier de reporter d'images et le journalisme politique pour revenir à l'écriture, au documentaire et au cinéma. Rive Blanche Films, sa maison de production, naît en 1997. «Rive Blanche, c'est Alger, cette rive blanche de l'Afrique noire, ma terre, qui m'a tant manquée quand j'étais la-bas». Elles pour mémoire, film-phare sur la résistance des femmes algériennes, est présenté à Pékin puis à de nombreux festivals européens. En 1997, Malika Laïchour Romane est membre du jury à Barcelone de «Premis Actuals: Journalism and Conflicts». En mars 2006, elle reçoit le Prix de la Résistance des femmes contre l'intégrisme et contre l'oubli, du Rassemblement algérien des femmes démocrates (Rafd). Abdelkader Guermaz est comme un «pont» entre les deux rives de la Méditerranée, celle d'un peintre non figuratif algérien de l'Ecole de Paris et l'aîné des fondateurs de l'art algérien moderne. Acteur du «mouvement abstrait» algérien, il a été aussi bien l'un des meilleurs représentants de l'abstraction lyrique en France. Dans les années 1940, il adhère à la conception figurative des «peintres de la réalité poétique» (natures mortes, scènes de la vie oranaise). Entre les années 1955 et 1970, il entre dans la voie de l'abstraction, expression des sensations et des émotions éprouvées au contact du monde et au moyen des seules ressources du vocabulaire plastique: insertion d'une infinité de taches de couleur dans un réseau de lignes verticales et horizontales dont le noir renforce la structure. Les années 1970 témoignent de son engagement dans une démarche spirituelle: recherche de la lumière et de la plénitude, des oeuvres uniformément blanches qui se peuplent bientôt de «signes», de taches de couleur qui s'assemblent en de petits ensembles et donnent naissance à des «paysages», lieux de mémoire et territoires «mythiques», mais aussi témoignages des pas que le peintre accomplit sur la voie de la sagesse. Enfin, entre 1980 et 1996, ses oeuvres deviennent plus abstraites encore, ses «paysages» s'épurent, dévoilent un univers de sable et de roches mises à nu, et s'ouvrent de proche en proche sur l'infini. L'artiste semble déjà percevoir l'espace «cosmique». Toutefois, Guermaz ne s'est pas interdit de traduire d'autres états d'âme que la sérénité, et a eu recours à autant de vocabulaires plastiques, de choix de formes, de couleurs et de matières que son goût de la recherche et son plaisir de peindre lui ont suggéré. L'objectif de cette action est de briser le silence qui entoure l'oeuvre de Guermaz, dont jusqu'à aujourd'hui, la peinture est très méconnue. Il est né le 13 mai 1919 à Mascara. Il a laissé une oeuvre d'une densité et d'une qualité exceptionnelles, qui sera célébrée tout au long de l'année 2009 par les manifestations et publications marquant le 90e anniversaire de sa naissance.