Démobilisés et découragés, les militants du vieux parti n'ont plus le coeur au combat politique. A moins de deux semaines de la tenue de son neuvième congrès, programmé les 19, 20 et 21 mars, les voix discordantes sont inaudibles au FLN. Ce n'est pas parce qu'elles n'existent pas mais un statisme frappant marque cet important rendez-vous organique. A la veille du 9e congrès, il y a comme un froid qui s'abat sur les structures du parti. Si pour le secrétaire général de l'instance exécutive, Abdelaziz Belkhadem, le 9e congrès «n'est pas ordinaire», la situation sur le terrain montre tout le contraire. Démobilisés et découragés, les militants du vieux parti n'ont plus le coeur au combat politique. Plus aucune envie de lutter et de se battre. «A quoi bon lutter puisqu'on connaît d'avance ce qui sortira de ce congrès? Belkhadem sera réélu à la tête du parti car il n'y a personne d'autre en face», regrette un jeune adhérent déçu. Plus de 3000 militants en tenues bariolées vont déferler à la Coupole du 5-Juillet en cette journée de la victoire, le 19 Mars, «mais ce ne sera que du folklore». La même indifférence est d'ailleurs pressentie lors des congrès régionaux qui se dérouleront à partir du 10 mars au centre, à l'est à l'ouest et au sud du pays. «Il n' y a pas de dynamisme chez les militants, peut-être que cela reflète-t-il la faillite de tout le système politique national» explique un vieux routier du parti qui affirme avoir attiré l'attention de Belkhadem lors des réunions et devant les membres de l'instance exécutive. Le 9e congrès sera donc une formalité pour se mettre en conformité avec les lois de la République et les règlements intérieurs du parti. Pourtant, les sujets pouvant donner lieu à des débats intenses ne manquent pas. Qu'en sera-t-il de l'avant-projet de loi sur la criminalisation de la colonisation? Le FLN, et particulièrement son secrétaire général, a fait de la demande «des excuses de la France coloniale au peuple algérien» son cheval de bataille. Ira-t-il jusqu'au bout dans la promulgation de cette loi? Ouvrira-t-il le débat sur la question lors de ce congrès? Qu'en sera-t-il des questions sociales? Belkhadem a reçu une délégation des médecins grévistes, le parti soutient, à demi-mot, les enseignants, les évoquera-t-il lors de ce rendez-vous du 19 mars? Les affaires de corruption meublent une actualité politique sclérosée. Le parti majoritaire se contentera-t-il de déclarations, style langue de bois, ou avancera-t-il des propositions concrètes? Autant de sujets sur lesquels est attendu le FLN, maintenant qu'il ne reste plus que l'écume de l'euphorie footballistique. Il va falloir surfer sur une autre vague et il y va de la responsabilité morale de la première force politique du pays, un lourd fardeau... «Le 20 août 56 a été le premier et le dernier véritable congrès du FLN», commente un ancien membre du bureau politique exclu du parti suite à la crise qui a secoué le parti en 2004. «Les huit autres qui ont suivi ne sont que des rencontres faites de concessions et de compromis entre les différents clans qui se disputent les places au gouvernement et sur les listes électorales», ajoute le même militant. La première force politique du pays s'est illustrée par une absence totale sur le terrain. Le FLN regardait ailleurs que là où se déroulaient des événements importants. Aux insultes égyptiennes contre les martyrs, contre le drapeau et contre toute la nation, le parti de Belkhadem a répondu par le silence. Il a adopté la même «stratégie» face aux propos de Bernard Kouchner qui invitait implicitement la génération FLN à quitter le pouvoir, et il n'a fait qu'allusion aux grèves qui secouent les secteurs de la santé, juste de quoi titiller le Premier ministre Ahmed Ouyahia. Est-ce le vrai rôle de la première force politique du pays? Sûrement non.