La Fondation du 8-Mai 1945 s'interroge sur ce revirement de situation inattendu. Le projet de loi criminalisant le colonialisme, déposé au secrétariat du bureau de l'Assemblée nationale le 13 janvier, remanié et reformulé en date du 25 février dernier ne souffre, en réalité, d'aucune ambiguïté pour être relégué aux calendes grecques. Accepté par le bureau de l'Assemblée, il a été transmis le 1er mars au gouvernement. Le projet a donc toutes les priorités pour recevoir l'intérêt d'exception qu'il mérite pour être, par conséquent, adopté dans les délais impartis. Les procédures législatives en vigueur sont claires pour nous conforter dans nos interrogations. Les règles de la mission législative allouent au gouvernement un délai de 60 jours pour avis. L'examen par la commission compétente, la plénière, suivie d'un vote, ne devraient pas dépasser le mois. Un délai de trois mois suffit amplement pour entériner le projet. Un effort supplémentaire du gouvernement pourrait réduire l'attente. Or, il se trouve que ce dernier n'est pas programmé pour cette session et en sus, les récentes déclarations du président de l'Assemblée populaire nationale mettent du flou autour de l'aboutissement de ce projet: «Son adoption ou non dépendra de la circonstance et de la conjoncture dans laquelle nous serions en ce moment-là», a-t-il déclaré (???). Il s'agit d'un texte étroitement lié à l'honneur et la dignité de cette nation, au martyre de son peuple et à la restitution totale de sa souveraineté. C'est plus qu'un devoir de mémoire, un devoir national. Tout retard ou relégation n'ajouteront que de l'eau au moulin du ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qui ne souhaite que l'instauration de la culture de l'oubli, de l'amnésie et la mise au tiroir des dossiers qui irritent la France officielle. N'a-t-il pas émis le voeu de voir l'extinction de la génération combattante pour que les relations entre les deux pays se stabilisent. Au profit de qui???? N'ayant aucun doute quant à la probité et l'engagement du gouvernement, cependant, nous craignons que la lourdeur des procédures ne verse dans la mise à mort de ce texte. Nous avons attendu trop longtemps pour que nos revendications soient entendues et prennent forme. Cinq ans pour répondre à une loi valorisant le colonialisme, pour qu'aujourd'hui l'indécision s'affiche comme improbabilité. Nos craintes sont fondées et légitimes. Ajoutons, Inchallah à nos voeux, et les choses prendront le chemin que Dieu leur a prêté. Gloire et éternité à nos martyrs! Président de la Fondation du 8-Mai 45